Celle-ci participait à l'émission "Bibliothèque Médicis " sur le thème "La censure, de Louis XV à Google", avec l'historien américain Robert Darnton, l'économiste Françoise Behamou et la romancière Cécile Ladjali.
Interrogée sur les transformations qu'entraîne le numérique dans le secteur du livre, et notamment sur ses répercussions sur les librairies, la secrétaire d'Etat a incité les libraires à "s'organiser dans la chaîne d'approvisionnement logistique pour réussir à fournir des commandes très rapidement, sur 24 heures". "Pourquoi n'inventent-ils pas des formes futures d'être libraires ? s'est-elle interrogée. Pourquoi ne sont-ils pas prescripteurs dans les recommandations et les référentiels logarithmiques ? Pourquoi n'ont-ils pas d'imprimantes 3 D dans leurs magasins pour imprimer les livres à la demandes ? ».
Après avoir ensuite soutenu qu'il ne fallait pas s'enfermer dans "des réflexes défensifs de résistance", Axelle Lemaire a d'une certaine façon conseillé aux libraires de collaborer avec Amazon : "Amazon, ils sont là. Ils seront bientôt le premier libraire de France. Amazon souhaite travailler avec les libraires français pour essayer de définir de nouveaux mode de diffusion et de savoir. Il faut savoir se projeter vers l'avenir."
Ces propos ont gâché la soirée de Christian Thorel. Dans son message à la secrétaire d'Etat dimanche 12 octobre, le libraire s'étonne de la promotion ainsi faite à Amazon :
"Je comprends mal comment un représentant de l’Etat français a pu se compromettre dans la défense (la promotion) d’une entreprise dont le projet commercial, et plus encore, politique, est associable à de la prédation, écrit le libraire. Une entreprise dont il faut encore rappeler les initiatives douteuses en matière de fiscalité." Inquiet d'imaginer qu'il puisse exister "quelque adéquation que ce soit aux pratiques et aux orientations d’une entreprise dont le fondateur ne cache en rien son goût pour un anarcho-libéralisme le plus débridé", il se dit "indigné" que la secrétaire d'Etat fasse appel à une collaboration entre les libraires et Amazon. "Cela ne serait qu’une capitulation", assure-t-il, rappelant que les libraires travaillent "dans l’exemplarité, dans l’idée de liberté, de fraternité, dans le souci d’un être-ensemble".
"Jamais les libraires de France, d’Europe ne devront se soumettre au moindre appel d’Amazon", déclare-t-il. C’est ce principe que nous attendons que vous défendiez."