C’est une bibliothèque totalement transfigurée que découvrira en novembre le public de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU). Motivé à l’origine par la nécessité d’effectuer d’importants travaux de mise en sécurité des bâtiments et des collections, le vaste chantier entamé en 2010, d’un coût total de 64,8 millions d’euros, aura été bien au-delà de ses objectifs pour donner naissance à une bibliothèque moderne. Une métamorphose indispensable pour cette institution créée en 1871 à la suite de la guerre franco-prussienne qui provoqua la destruction de la bibliothèque municipale de Strasbourg et celle du Séminaire protestant, installée dans ses locaux actuels en 1895. "Avec 3,5 millions de documents, la BNU est la plus grosse bibliothèque universitaire française, la deuxième bibliothèque, tous statuts confondus, derrière la Bibliothèque nationale de France", se plaît à rappeler Albert Poirot, directeur de la BNU. Celle-ci garde, aujourd’hui encore, un statut unique puisqu’elle dépend non pas d’une université, mais directement du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Passé l’escalier d’entrée monumental, bordé de deux parois de verre décorées de sérigraphies dorées, la perspective sur l’impressionnant escalier enroulé autour d’un faisceau de 120 tiges en acier, qui s’élève du 1er étage vers la coupole qui couvre le bâtiment, est vertigineuse. Tout autour s’organisent des espaces clairs et ouverts les uns sur les autres. La grande salle de lecture historique, en particulier, a retrouvé son aspect d’antan avec ses grandes baies vitrées restaurées qui ouvrent sur les frondaisons de la place de la République. Un résultat qui aura nécessité plusieurs prouesses techniques, comme lorsqu’il a fallu abattre les deux murs porteurs du dôme d’un mètre d’épaisseur, ou encore quand les poteaux du rez-de-chaussée ont été enlevés et remplacés par des poutres. Mais le jeu en valait la chandelle. Le programme a permis de porter la surface du bâtiment principal à 18 000 m2, 33 000 m2 au total pour l’ensemble des 3 sites de la bibliothèque. Le nombre de documents en accès libre, un objectif important pour l’équipe, est passé de 35 000 à 150 000, et le nombre de places assises de 660 à 750. Les magasins ont été modernisés afin de permettre la conservation des documents dans des conditions satisfaisantes.
Les travaux ont également permis de créer de nouveaux services. L’auditorium de 146 places et la salle d’exposition de 500 m2, en particulier, seront deux outils précieux pour une politique d’action culturelle renforcée. Le passage à la RFID permettra d’automatiser les opérations de prêt et de retour des documents.
Autant de services qu’apprécieront sans doute lors de la réouverture les usagers, les étudiants mais également les visiteurs, puisque la BNU a prévu de s’ouvrir plus largement au grand public.
Michel Delplace : "De la lumière et de l’espace"
Le point de vue de l’architecte Michel Delplace, de l’agence Nicolas Michelin & associés, chargé du programme de réhabilitation de la BNU.