13 janvier > Nouvelles France

Claude Chassignet, le héros de Gérard Oberlé, avait disparu des radars depuis 2002, l’année de sa virée cynégétique et bacchique en compagnie de Jim Harrison, dans Palomas Canyon (Cherche Midi). Il nous manquait un peu, ce vieux libertin libertaire, érudit, misanthrope, porté sur les plaisirs de l’existence, en particulier sur la dive bouteille. Oberlé, miraculé lui-même, a eu la bonne idée de ressusciter son personnage, et de le renvoyer en villégiature sur les lieux de ses exploits précédents.

D’abord en Egypte, à Assouan, à l’hôtel Old Cataract, à l’époque resté dans son jus avant d’être saccagé par la modernité décoratrice. Mais désert, pour cause d’attentats. Déjà. Là, Chassignet, qui s’ennuie, va voir sa curiosité piquée par la présence de la baronne von Engenthal-Ballerstein, en fait une starlette du porno reconvertie dans la chasse aux maris milliardaires, trois fois veuve, richissime, et qui s’entiche d’Aïman le felouquier, l’un des caïds du coin, charmant et "charmout " (gigolo, en arabe). A la consternation générale, Mitzi (c’est son petit nom) l’embarque et l’épouse, avant de mourir subitement, noyée. Accident, crime, suicide ? Chassignet aura bien sûr le fin mot de tout ça.

On le retrouve ensuite chez lui, dans le Morvan, racontant son séjour en Nouvelle-Calédonie, en 1987, chez les Kanaks dont il se sent proche, comme Gabriel, un métropolitain, ex-banquier devenu trimardeur. Ou encore sillonnant le sud profond (et raciste) des Etats-Unis en compagnie de Bob, un jeune Australien claveciniste, lors de tribulations picaresques.

Le lien est lâche, l’action surtout racontée par des tiers, prétexte à écouter ce bavard impénitent de Chassignet-Oberlé, conteur né, régaler ses auditoires de toutes ses histoires, véridiques ou imaginaires. Maintenant qu’il l’a réactivé, on aimerait bien que le romancier lance son héros dans une nouvelle de ces enquêtes décalées dont il a la recette. J.-C. P.

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