Frais postaux

"Nous demandons au minimum l’ouverture aux libraires du tarif Frequenceo dont bénéficient depuis deux ans déjà les éditeurs pour leurs envois de services presse", lance Guillaume Husson, secrétaire général du Syndicat de la librairie française (SLF). Depuis que La Poste a imposé, en 2015, une tarification Colissimo à tout paquet de plus de 3 centimètres d’épaisseur, le coût d’envoi pour ces colis a sensiblement renchéri et, depuis janvier, les prix ont encore augmenté d’un peu plus de 1 %. Alors que les éditeurs ont négocié en 2015 avec La Poste un tarif préférentiel pour l’envoi de leurs SP, les libraires restent soumis pour les envois de commandes au tarif Colissimo. Résultat, pour un colis pesant 500 grammes (deux livres de poche), l’envoi est aujourd’hui facturé 6,16 euros, ramenés à 4,93 euros avec un contrat négocié, alors qu’en Frequenceo il revient à 3,93 euros. Et on ignore les tarifs accordés aux opérateurs comme Amazon qui ne refacturent aux clients que 1 centime pour le port. "Un libraire qui veut être attractif et prend à sa charge l’expédition perd bien souvent de l’argent", note Guillaume Husson, constatant qu’en l’état la loi anti-Amazon ne met pas sur un pied d’égalité géants d’Internet et libraires. La revendication du SLF sur les tarifs postaux prend une résonance particulière dans le contexte de la mission d’évaluation de la loi du 8 juillet 2014, dite anti-Amazon, menée par les deux députés Yannick Kerlogot (LREM, Côtes-d’Armor) et Michel Larive (La France insoumise, Ariège). Cette dernière, dont les conclusions seront rendues le 11 avril, vise à évaluer l’impact réel de la loi destinée à encadrer la vente à distance de livres pour une concurrence loyale entre grands et petits opérateurs. Hasard de calendrier, l’association Comité Quartier Latin, qui réunit divers professionnels de la culture dans les 5e et 6e arrondissements de Paris, a lancé fin janvier une pétition pour soutenir les libraires et demander la mise en place d’un "forfait spécial livres" pour leurs envois. S’adressant à la ministre de la Culture, l’association souhaite que "l’Etat, actionnaire de La Poste, use de son influence pour qu’un tarif non surtaxé soit instauré". Et d’évoquer le tarif "livres et brochures" qui, pour promouvoir la culture française dans le monde, permet d’expédier à l’étranger des ouvrages à des tarifs préférentiels. De sorte qu’aujourd’hui il est moins cher d’envoyer un livre de Paris à Tokyo plutôt qu’en province. Clarisse Normand

23.02 2018

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