Polémique

Droit d'auteur : un recueil de tweets retiré de la vente

Larousse a retiré de la vente "Les perles des tweets et du Net" le 22 janvier suite à la parution d'un article sur le site Slate.

Droit d'auteur : un recueil de tweets retiré de la vente

Après la polémique soulevée par la publication des Perles des tweets et du Net, Larousse a décidé d’en arrêter la commercialisation. L’éditeur aurait en effet omis de contacter les auteurs des messages compilés, soulevant la question du droit d’auteur des twittos.

J’achète l’article 1.5 €

Par Souen Léger
Créé le 22.01.2014 à 15h19

Pris de court par des réactions outrées, Larousse a annoncé mercredi 22 janvier l’arrêt de la commercialisation des Perles des tweets et du Net alors même que l’ouvrage venait d’entrer en librairie. Celui-ci compile les "400 messages les plus drôles, les plus étonnants et les plus impertinents publiés sur la Toile ces deux dernières années". Mais suite à un article publié mardi 21 janvier par un journaliste de Slate, la twittosphère voit rouge et accuse l’éditeur de violer le droit d’auteur. En effet, Larousse n’aurait pas contacté les auteurs de ces mots d’esprit.

A 11 heures ce mercredi matin, sur son compte twitter, l'éditeur rend les armes en moins de 140 caractères : "Face aux réactions liées à la parution de l’ouvrage « Les perles des tweets et du Net », Larousse a décidé d’en arrêter la commercialisation."
 
Pour Anne Cousin, avocate spécialisée en droit de la propriété intellectuelle contactée par Livres Hebdo, le choix de Larousse est une "énigme". En effet, les tweets "peuvent relever de la propriété intellectuelle, comme toute oeuvre de l’esprit, dès lors qu’ils répondent au critère jurisprudentiel de l’originalité". Si les messages sont originaux et que l’éditeur n’a pas reçu l’accord des auteurs pour les utiliser, il y a contrefaçon.
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
 
Une originalité qui fait parfois défaut sur les réseaux sociaux où chacun s’imite et se reprend. Jean Robin, directeur de la maison d’édition Tatamis qui a publié Les meilleures facebookeries en 2010, considère que "sur Facebook, les gens se copient entre eux ce qui retire souvent le caractère unique des messages". Il invoque par ailleurs le droit de courte citation qui permet d’utiliser un bref passage d’une oeuvre sous certaines conditions. "Il y a aussi une tolérance de la part des internautes et c’est très positif car c’est ce qui rend ces livres possibles. S’il avait fallu contacter tous les auteurs, un par un, cela aurait pris un temps inimaginable et l’ouvrage n’aurait jamais existé", plaide-t-il.
 
Chez J’ai Lu, Christophe Absi, responsable de la collection d’humour, est plus sceptique quant à la démarche de Larousse. "Ils auraient au moins pu citer tous les auteurs", estime-t-il. L’éditeur de poche a notamment publié Mes parents font des SMS, un florilège tiré du site du même nom, ou encore Chers voisins : mots doux & petites querelles de voisinage qui reprend les messages tirés d’un Tumblr. A chaque fois, le site internet a été contacté afin de signer un contrat en bonne et due forme, comme on le ferait avec un auteur. En effet, dans la grande majorité des cas, les droits vont aux gestionnaires des sites, les internautes ayant accepté leur abandon dès l'inscription d'usage.
 
Sur Twitter, les réactions à la publication des Perles des tweets et du Net ne se sont pas faites attendre. "Contrefaçon", "violation de la propriété intellectuelle", les condamnations fusent. L’"atteinte au droit de nom" pourrait également être citée. En effet, si les twittos les plus connus tels que Bernard Pivot, Guillaume Meurice ou encore de nombreux responsables politiques sont nommés, la plupart des tweets sont attribués à @anonyme.
 
Cette affaire illustre bien les tâtonnements de l’édition, tentée de réutiliser des contenus produits gratuitement sur Internet sans savoir où commence et où s’arrête le droit d’auteur des internautes.

Les dernières
actualités