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Élections législatives : la présence discrète de la politique en librairie

Face aux élections législatives, certaines librairies s'organisent. - Photo Un livre et une tasse de thé

Élections législatives : la présence discrète de la politique en librairie

Au lendemain de la dissolution du gouvernement par le président de la République Emmanuel Macron, les librairies s’adaptent. Si certaines se positionnent et ressentent un intérêt accru de la clientèle pour le sujet, d’autres préfèrent rester concentrées sur la littérature.

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Par Léon Cattan
Créé le 19.06.2024 à 18h58

Fermeture exceptionnelle. Le samedi 15 juin 2024, plusieurs librairies françaises arboraient ces quelques mots sur leur devanture, quand le message n’était pas plus précis : « En manif », indiquent les libraires d’Un livre et une tasse de thé dans une story Instagram. L’enseigne parisienne fait partie des 200 signataires d’une tribune parue dans le Club de Mediapart le 18 juin, intitulée Contrecarrer les imaginaires d’extrême-droite : l’Appel des librairies indépendantes.

« Nous qui défendons la diversité éditoriale plutôt que son regroupement idéologique, qui célébrons la multiplicité des récits et des savoirs plutôt que leur soustraction, nous qui par nos choix défendons une vision plus compréhensive du monde dans sa grande et belle complexité culturelle, nous sommes, comme des millions de citoyen·nes, bouleversé·es et mobilisé·es contre la possibilité de subir des années de gouvernance fascisante dont nous ne doutons pas de la violence immédiate », y expliquent les auteurs du texte. Pour lutter à leur manière, certains ont ouvert leurs locaux aux réunions et évènements militants.

« On évite, car les gens sont méfiants »

Fnac Montparnasse
A la Fnac Montparnasse.- Photo LÉON CATTAN

C’est le cas de la librairie Le pied à terre, établie dans le XVIIIᵉ arrondissement de Paris. « Nous n’avons pas eu le temps de préparer une table consacrée à cette thématique, mais nous avons déjà beaucoup d’essais politiques dans notre fonds » explique Thibaut Willems, le co-fondateur. Il a récemment écoulé tous ses exemplaires de l’essai de Félicien Faury Des électeurs ordinaires : enquête sur la normalisation de l’extrême-droite. Paru au Seuil le 3 mai, l'ouvrage est actuellement en rupture de stock et accumule 1 698 ventes selon GFK.

La politique s'invite aussi dans la plus grande Fnac de Paris, située la rue de Rennes. Félix, libraire de la section Histoire & Société, y observe par exemple un intérêt de la clientèle pour Le grand remplaçant : la face cachée de Jordan Bardella de Pierre-Stéphanie Fort (Studiofact éditions). Il indique ne pas avoir reçu de consignes particulières au lendemain de la dissolution du gouvernement en termes de mise en place. « Après les attentats du 7 octobre, on nous avait demandé de mettre en avant des ouvrages qui illustreraient tous les points de vue sur le conflit israélo-palestinien. Pour les élections, nous sommes libres de nous organiser comme nous voulons. » Sur les tables consacrées aux essais, au rez-de-chaussée, tout est en effet encore concentré sur l’actualité géopolitique.

Mais toutes les librairies ne sont pas logées à la même enseigne, nombreuses étant celles qui n'accordent que peu de place à la politique. À Levallois-Perret, dans la librairie Les Beaux titres, c’est ainsi un autre sujet qui concentre l’attention générale : la rentrée. « C’est là-dessus que tout le monde concentre ses efforts » explique un libraire. « Nous préférons parler de littérature à nos clients, et pas de politique, c’est un sujet tabou. » Même son de cloche au sein d’un commerce du XVIᵉ arrondissement : « On évite, car les gens sont méfiants. »

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