13 mars > Récit France

Un fils écrit sur sa mère. Il a 37 ans, il est né en Algérie, vit en France depuis quatorze ans et aime les hommes. Intellectuel, arabe, de culture musulmane, homosexuel, Brahim Metiba raconte sa mère, cette mère analphabète qui a élevé sept enfants et constate que ce fils qui vit loin d’elle "a changé". "Je vois rarement ma mère. Elle m’appelle régulièrement, nous parlons de cuisine. Je l’appelle régulièrement, nous parlons de cuisine." Pendant quelques jours, il revient s’installer chez elle. Leur relation cherche des points de contact mais c’est plutôt une cohabitation sans conflits déclarés, faite d’observations silencieuses, de réponses souvent fermées qui ne nourrissent aucun dialogue. "Elle dit : "Non"." "Elle dit : "Merci"." "Elle dit : "Ne te dérange pas"." A travers des gestes et des attentions simples - "Elle pose ses pieds sur mes genoux" -, le fils s’emploie respectueusement à relier leurs deux amours, de fils et de mère, étrangers l’un à l’autre. Il lui lit Le livre de ma mère d’Albert Cohen, espérant que les pages de l’écrivain juif admiré seront un viatique pour combler la distance.

En 64 pages, Brahim Metiba fait tenir tant de choses dans la nudité de ses phrases. A la rentrée prochaine, les éditions du Mauconduit publieront son deuxième livre, Je n’ai pas eu le temps de bavarder avec toi, le livre de son père. V. R.

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