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En Russie, le marché du livre jeunesse rattrapé par le réel

Le stand de la Russie, à la 30ème Foire Internationale du livre de Pékin, en 2024 - Photo © ED

En Russie, le marché du livre jeunesse rattrapé par le réel

Production de titres en baisse, tassement des traductions... le livre jeunesse en Russie souffre, dominé par la non-fiction et les mangas coréens et japonais, tandis que le réseau des librairies se fragilise sur le territoire. Le gouvernement tente de soutenir l'industrie du livre, notamment en accompagnant la création de festivals, nombreux à avoir vu le jour ces derniers mois.

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Par Éric Dupuy à Pékin, Chine,
Créé le 20.06.2024 à 16h28

À l’occasion d’un forum sur l’industrie du livre de jeunesse qui s’est tenu ce jeudi en marge de la Foire du livre de Pékin (BIBF), Evgeniy Kapyev, le P-DG d’Eksmo, le leader de l’édition jeunesse en Russie, a présenté les données de son marché, marqué par quelques évolutions.

La non-fiction jeunesse plébiscitée

Reprenant les données de la Russian book union, le dirigeant a révélé une baisse de 4,5 % de la production jeunesse en 2023, s'établissant à 13 235 titres, soit 600 de moins qu’en 2022 et 400 de moins qu’en 2019. La part des traductions, estimée en 2023 entre 45 et 47 %, « chute sensiblement d’année en année et devrait se trouver autour de 35 % en 2024 », a commenté platement Evgeniy Kapyev. Il rappelle cependant que les éditeurs russes n’ont pas arrêté de voyager. Comme à Pekin, ils sont également présents sur plusieurs foires et notamment Francfort. Concernant l’édition jeunesse, dont 90 % du marché sont partagés entre huit acteurs, dont près de la moitié pour les deux plus gros AST, et Eksmo, quatre éditeurs ont notamment fait le déplacement à Bologne en mars dernier.

Evgeniy Kapyev
Evgeniy Kapyev, P-DG d'Eksmo, à la Foire du livre de Pékin 2024- Photo © ED

Selon l'éditeur, la majeure partie des traductions jeunesse proviennent donc d’Asie en général, Japon et Corée en particulier, dont les mangas (avec la BD) se hissent comme deuxième segment du marché jeunesse. Ce dernier est dominé dorénavant par la non-fiction, « alors que notre culture littéraire provient de la fiction », remarque le P-DG d’Eksmo.

La librairie en difficulté

Autre bouleversement, et pas des moindres : il provient de l’évolution, comme dans la grande majorité des marchés, de la part de ventes du e-commerce, trusté en Russie par Ozon et Wildberries. Celles-ci représentent dorénavant plus de 60 % du marché et logiquement, « de plus en plus de librairies ferment car leurs petites marges ne leur permettent pas d’absorber les difficultés de logistique pour y faire face », déplore le dirigeant.

Train du livre et festivals

Pour pallier cette déperdition de librairies en Russie et soutenir l’industrie du livre jeunesse, « le gouvernement a développé des aides à l’édition, avec des prix, et de l’évènementiel autour du livre », précise-t-il. Ainsi, ce sont plus de 100 festivals de littérature qui se tiennent dorénavant à travers le pays, dont une grande majorité ont été lancé ces derniers mois. « Le gouvernement a également créé le train du livre, qui a parcouru l’an dernier la Russie, de Saint-Pétersbourg à Vladivostok, en s’arrêtant dans chaque ville », avec des animations à la clé.

Stand Russe BIBF
Sur le stand russe de la BIBF, sont présentés quasi exclusivement des ouvrages jeunesse- Photo © ED

Dans ce contexte plutôt morose, le développement se porte sur le livre audio dont le marché était en progression de +40 % l’an dernier, avec notamment l’arrivée de nouveaux acteurs tels que Yandex, « qui a investi 1 milliard de dollars dans du contenu », mais également des géants des telecom et de la banque. À l’inverse, le marché du livre numérique stagne. « Le digital représente entre 10 et 15% » du marché global du livre, précise Evgeniy Kapyev, qui revient tout juste du Japon où il a cherché des pistes pour « adapter les mangas en numérique, mais c’est difficile », conçoit-il. Autre levier de croissance : les adaptations cinématographiques, qui sont, comme en France, en croissance, notamment sur le segment de la jeunesse.

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