D’abord, il y a "la mélancolie des paquebots". Au moins celle de ce langoustier sur lequel Ida embarque un jour depuis Le Cap, laissant derrière elle son amoureux, Léon, et plus ou moins toute civilisation, à destination de la minuscule île de Tristan da Cunha, dominion britannique face à Sainte-Hélène. Que cherche-t-elle en ce lieu à la fois clos et ouvert à tous les horizons ? De l’espace, du silence, l’indécision fertile du réel, l’état des choses… Sur place, logée chez l’habitant, elle va bientôt se fondre à la vie de l’île, à sa communauté chaleureuse et accueillante. Et lorsqu’un cargo fait naufrage sur une île voisine, lieu de reproduction des manchots dans l’archipel, Ida se porte volontaire pour rejoindre l’équipe de trois hommes qui iront au secours des oiseaux mazoutés. Là, entre ciel et mer, dans une solitude comme rendue à sa beauté première, une histoire d’amour va naître avec l’un d’entre eux. Avec une ardeur renouvelée, la jeune femme va se sentir s’appartenir plus que jamais, jusque dans la dépossession. Un jour, il faudra revenir à Tristan, revenir à sa vie. Un jour…
En 2011, la scénographe et plasticienne Clarence Boulay a passé huit mois sur l’île de Tristan da Cunha. Elle en est revenue avec une thèse en cours à l’EHESS et ce roman inaugural, éclatant de beauté, où elle est déjà au plus près de sa vérité d’écrivaine. La preuve, de quelque côté qu’on le lise, c’est un roman d’amour. O. M.