Le rôle des parents
"Il faut travailler l'interactivité pour que l’enfant devienne créateur de l'histoire" a déclaré Alfonso Ochoa, de la maison mexicaine Ocho Gallos, qui propose des applications dans lesquelles l’enfant créé sa propre histoire avec Arbol con Patas ou ses propres illustrations avec Portraits robots et "l’anti-app" nommée avec humour, Ca suffit avec cette tablette. "L’application est prévue pour être partagée en famille et sur les réseaux sociaux. Nous nous sommes concentrés sur l’illustration mais la version 2 devrait intégrer la possibilité de mettre son texte. Nous sommes aussi en discussion avec des entreprises d’impression à la demande pour en faire des livres papier" a-t-il ajouté.
"Quelle est la place des parents quand l’enfant s’empare de la tablette ? C’est important aussi que les parents puissent jouer un rôle et intervenir sur le médium. L’application Mur répond à ce souci, auquel nous sommes très sensibles chez Bayard" précise dans la salle Elena Iribarren, directrice de collection studio numérique Bayard Jeunesse-Bayam. Tandis que Alfonso Ochoa insistait sur le dialogue parents-enfants qu’instaure ses applications.
"On apprend à chaque réalisation. On développe actuellement Good night everyone, la dernière application en réalité virtuelle de Chris Houghton sur téléphone" explique Egmont Mayer, du studio Red Rabbit, installé à Shanghaï en 2012, dont les 10 personnes ont réalisé 8 applications pour la jeunesse. Le singe jouant du jazz de Hot monkeys (2014), réalisée avec Chris Haughton a fait rire l’assistance. "La BBC développe aussi beaucoup mais il n’y a pas de marché" constate-t-il.
Le modèle économique toujours fragile
Les éditeurs et producteurs sont toujours en quête du modèle économique du numérique, qui n’existe toujours pas – les applications étant le plus souvent gratuites –. "Nous avons réussi à monter l'opération grâce à la subvention de 125 000 dollars canadiens, soit 80 000 euros de la Sodec, l’équivalent du CNC (sur un budget total de 165 000 dollars canadiens) mais ça ne nous rapporte rien. Le projet nous a fait connaître et nous a permis de toucher de nouveaux publics qui ne vont pas en librairie" explique la productrice Vali Fugulin. Mur, récompensé notamment à Bologne, a été vendu dans 8 pays mais souligne Aksel Koie, "les applications sont difficiles à vendre car il faut utiliser un code, ce qui complique l’utilisation. Si les utilisateurs aiment l’application, ils achètent le livre, nous sommes donc rémunérés sur les livres".
"Parce qu’elles mobilisent la créativité du lecteur, lui permettent de proposer images et textes, lui permettent d’investir l’espace avec la réalité virtuelle tant privé que public, le numérique induit véritablement de nouvelles formes de narration" a conclu l'auteur Benjamin Hoguet, témoin de cette 4e et dernière session du projet Transbook, financé avec l’aide de la communauté européenne.
Mais Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil entend bien poursuivre l’expérience Transbook. "Nous ne savons pas encore sous quelle forme mais nous allons re-déposer un dossier de demande, vu l’affluence pour cette édition".