Le sang de la vigne. C'est une histoire de femmes, rudes et fragiles à la fois, comme on en trouve dans le Midi, non loin de Perpignan, dans les mas viticoles. Il y a Marie-Josèphe Magne, dite Avia, la matriarche, la propriétaire, qui régente tout son monde. Notamment sa fille Angélique, qu'elle déteste, méprise et humilie. Et il y a Catalina, la petite-fille, encore gamine en 1988 quand elle commence à raconter cette histoire, son histoire. Enfant, elle voit tout, comprend tout, analyse, et se forge vite sa propre personnalité : intello, rebelle, révoltée. Catalina vit dans une vaste famille, où l'on trouve par exemple Tony, le cousin gay qui part en Inde se fuir et se trouver. Ou encore Ferran, le beau gosse, hâbleur, vulgaire, homophobe, infidèle, qui violera et frappera sa femme Olivia. C'est à lui qu'Avia veut léguer son domaine, immense et prospère. Mais tout ne se passera évidemment pas comme elle le prévoit.

Après avoir pris ses distances avec sa mère à l'adolescence, être partie vivre et étudier les lettres à Perpignan, avoir fait quelques rencontres, et être tombée amoureuse du parfait, jeune et riche Malo, Catalina va revenir au mas et se retrouver patronne. Libre, enfin, de vivre comme elle le désire, de prendre des responsabilités, et de régler quelques comptes de famille...

Pianiste classique, chanteuse, animatrice de radio, Juliette Granier a peut-être puisé dans sa propre histoire la matière de ce premier texte élégant, qui revisite le roman d'apprentissage, vu du côté des filles. C'est très réussi.