[Article mis à jour à 18 h 30 après la décision de la Cambridge University Press de redonner accès aux articles censurés]
La maison d’édition universitaire Cambridge University Press (CUP) a reconnu sur Twitter, vendredi 18 août, avoir bloqué l’accès à des centaines d’articles publiés sur le site de son journal académique,
China Quarterly, fondé en 1960 et consacré à l’étude de la Chine et de Taïwan.
"Nous avons reçu pour instruction de la part des autorités chinoises de retirer des articles publiés sur China Quaterly
. Nous nous sommes conformés à cette requête afin que d’autres matériels académiques et pédagogiques que nous avons publiés restent accessibles aux chercheurs chinois", a affirmé la CUP. Les articles censurés en Chine restent disponibles ailleurs dans le monde.
La maison, qui s'est dite
"troublée par la récente augmentation du nombre de requêtes de cette nature" de la part des autorités chinoises,
assure vouloir aborder cette question avec les autorités compétentes lors de la Foire du livre de Pékin (23-27 août).
Dans un communiqué distinct, publié sur
le site de la revue académique, Tim Pringle, le rédacteur en chef de
China Quarterly, a précisé que plus de 300 articles ont été censurés. Ceux-ci concernent des sujets sensibles comme le massacre de la place Tian’anmen en 1989, le Tibet ou encore la Révolution culturelle initiée par Mao Zedong en 1966.
En fin de journée, Tim Pringle a annoncé sur la
page Twitter de
China Quarterly que la Cambridge University Press a finalement décidé de "
reposter immédiatement les articles retirés de son site chinois".
Une "concession honteuse"
Après le retrait des articles, la Cambridge University Press avait été, toute la journée, sous le feu des critiques. Le directeur de l’Institut britannique de politique chinoise et membre du comité exécutif de
China Quarterly avait dénoncé,
sur son blog, une décision qui affecte la
"réputation et l’intégrité" de CUP.
Dans une lettre ouverte, le professeur James A. Millward avait signalé une "
concession lâche, honteuse et destructrice". Sur Twitter, d’autres chercheurs, comme
Anna Ahlers ou Greg Distelhorst avaient appelé la CUP à reconsidérer sa décision de censurer les articles.
De son côté, la maison d'édition avait précisé qu’elle agirait à nouveau de la sorte si son refus de censurer des articles individuels menaçait
"un accès plus large à ses contenus" sur le territoire chinois.
Une "attaque rétrograde"
L’Union internationale des éditeurs (UIE), qui a accepté l’adhésion de la Chine
en octobre 2015, provoquant alors une
controverse interne, avait également appelé la Chine à revenir immédiatement sur sa décision et l'a accusée de mener "
une attaque rétrograde contre la liberté de publier et la liberté académique". Dans les colonnes du
Bookseller, Michiel Kolman, président de l’UIE, a tenu à rappeler que "
la mission de l’UIE est de lutter contre la censure, peu importe où elle apparaît, y compris en Chine".
Jusqu’ici, la sphère académique avait été relativement épargnée par la censure en Chine, en raison de son faible lectorat et du prix d’abonnement aux revues.