C’est important de nous retrouver tous ensemble, de montrer que nous sommes une force avec une volonté commune d’actions, souligne Coline Hugel, à un mois des Rencontres nationales de la librairie. Au-delà des réflexions qui seront engagées, c’est un message que nous adressons aux collectivités, aux institutions, à l’interprofession et même aux clients." A la tête de La Colline aux livres (ex-La Brèche), à Bergerac, qu’elle a reprise en 2007, cette jeune femme de 36 ans est très engagée dans l’action collective puisqu’elle est préside l’association Librairies Atlantiques en Aquitaine. Forte des dernières réalisations de celle-ci, et en particulier de l’ouverture d’un portail de réservations de livres, elle est persuadée que c’est collectivement, par la mutualisation des énergies, le partage des réflexions et des moyens, que les libraires pourront faire bouger les choses.
Explosion des ventes
En attendant, à Bergerac, elle est confrontée à une problématique que beaucoup peuvent lui envier : gérer l’accélération de la croissance. Ayant fait de sa librairie un lieu exigeant, mais aussi ouvert et très accueillant, cette ancienne élève de l’IUT métiers du livre d’Aix-en-Provence, formée chez Sauramps où elle a travaillé cinq ans, enregistre depuis un an et demi une explosion de ses ventes, liée aux difficultés de son concurrent local. L’ex-Chapitre de Bergerac, repris en février 2014, dans le cadre de la liquidation du groupe éponyme, par Patrick Hourquebie, et rebaptisé depuis Forum espace culture, est aujourd’hui plus que jamais dans une situation catastrophique.
Comme son autre confrère, Montaigne, La Colline aux livres a bénéficié d’un report de clientèle. "Tout l’enjeu a été d’accueillir ces nouveaux clients et de répondre à leurs besoins qui sont assez différents de ceux de nos clients habituels, mais sans pour autant perdre notre identité et nous dénaturer. Nous avons donc élargi notre offre vers le grand public de façon très maîtrisée. Cela étant, un autre défi s’offre à nous : celui d’amener peu à peu ces nouveaux clients vers des livres différents et moins grand public. C’est aussi le rôle d’un libraire."
Attentive à s’assurer une croissance progressive et sans à-coups, Coline Hugel a embauché une troisième salariée et agrandi son point de vente de 20 m2, dédiant ce nouvel espace à la bande dessinée. Mais elle s’interroge désormais sur l’opportunité de franchir un nouveau cap dans son développement. Bien que craignant qu’un changement d’échelle ne modifie l’âme de la librairie, et prudente sur le plan financier, elle sent un mouvement favorable au commerce de proximité. "Face aux discours dénonçant les pratiques d’Amazon, on voit les gens revenir vers nous. Par exemple, on n’a jamais eu autant de commandes clients, se félicite-t-elle. Avec notre nouveau portail de réservation, on s’aperçoit même que ceux qui l’utilisent ne sont pas demandeurs d’envois à domicile ! Ils veulent du contact humain, de l’échange. Ce que nous nous efforçons de leur offrir au mieux, quitte à ce que notre effectif soit un peu surdimensionné par rapport au niveau de notre activité."
