Dans le prolongement de l'appel lancé mercredi 24 janvier dans le quotidien Libération, signé par quelque 400 auteurs se revendiquant du Collectif des artistes auteurs (CAA) formé spontanément au cours des derniers mois, plusieurs dizaines d'entre eux se sont rassemblés samedi 27 janvier au soir devant le Théâtre d'Angoulême, où se tenait la cérémonie de remise des prix du Festival, pour réclamer notamment, à l'aide de panneaux colorés, "10% de droit d'auteurs minimum & pour tous".
Morcellement des recettes
Cette initiative est venue conclure les échanges organisés entre les auteurs en parallèle des traditionnelles séances de dedicaces, notamment au "Café des autrices et des auteurs" qui a accueilli sur trois jours, du jeudi au samedi, plusieurs centaines de professionnels sous un chapiteau Magic mirror dressé dans la cour même de l'hôtel de ville d'Angoulême. "Avant, les auteurs étaient financés par la parution de leurs planches dans la presse spécialisée et par les droits. Aujourd'hui, ils sont contraints à un morcellement de leurs recettes qui leurs viennent de la BD mais aussi de l'enseignement, de la publicité où d'une activité d'éditeur", a notamment déploré Denis Bajram, l'un des animateurs des Etats-généraux de la bande dessinée (EGBD) dans le débat consacré, vendredi 26 janvier, avec une petite centaine de participants, aux "Tendances et mutations du métier d'auteur de BD".
Pour Boulet, "l'auteur gagne moins pour faire plus de travail, et notamment celui qui revenait auparavant à l'éditeur, avec les scans et la finalisation des pages intégrant la balance des noirs et les couleurs. Il a aussi besoin d'un équipement plus coûteux avec du matériel informatique qu'il faut changer au moins tous les trois-quatre ans." Les deux auteurs ont exhorté leurs jeunes confrères à "ne pas casser les prix, car votre œuvre a une valeur" (Bajram), "ne pas céder les droits numériques quand vous avez vous-même créé votre blog" (Boulet), "ni les droits audiovisuels car il n'y a pas de raison qu'un éditeur en capte 50% quand un agent se contente de 10%" (Bajram).
Au cœur du festival
Le "Café des autrices et des auteurs" a accueilli sur trois jours d'autres débats dédiés à "Jongler avec la pluriactivité" et à "La bande dessinée de l'auteur au lecteur : une chaîne, un camembert et des idées reçues", mais aussi des petit-déjeuners informels, des permanences et des rendez-vous à la carte.
"Nous avions la volonté de remettre les auteurs de bande dessinée au cœur du festival", justifie Christelle Pécout, vice-présidente du Snac BD, à l'origine de ce programme soutenu par l'Adagp (société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques), le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD), la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image (CIBDI), La culture avec la copie privée (CCP) et la Sofia.
Le Snac BD a aussi rencontré la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, lors de son passage à Angoulême jeudi 25 février. "Nous espérons être associés à la mission Lungheretti (chargé d'une mission de réflexion sur la politique nationale pour la BD, NDLR)", indique Christelle Pécout.