Rapport annuel

Les bibliothèques en équilibre

Olivier Dion

Les bibliothèques en équilibre

Le dernier rapport de l’Inspection générale des bibliothèques, portant sur l’année 2015, met en lumière le jeu d’équilibriste auquel doivent se livrer les établissements pour satisfaire à des impératifs parfois contradictoires, et dans un contexte budgétaire généralement contraint.

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Par Véronique Heurtematte
Créé le 08.04.2016 à 20h12

Avoir une bibliothèque centrale rayonnant largement sur son territoire tout en maintenant des équipements de proximité, innover avec des moyens réduits, répondre aux impératifs de conservation des collections patrimoniales tout en les valorisant auprès d’un large public: le principal défi auquel se trouvent confronté les établissements de lecture publique aujourd’hui est sans doute de trouver le juste équilibre pour répondre à des impératifs parfois contradictoires. C’est l’un des éléments mis en lumière par le dernier rapport de l’Inspection générale des bibliothèques qui présente les inspections réalisées dans sept bibliothèques universitaires, 6 bibliothèques municipales classées, 9 bibliothèques communales ou intercommunales, et 3 bibliothèques départementales.
 
Les bibliothèques, qu’elles soient territoriales ou universitaires voient également leur champ d’action évoluer, sous l’influence du développement des intercommunalités, de l’émergence des grandes métropoles, ou encore du regroupement des universités en Comues (communautés d’universités et d’établissements). "Si les configurations se révèlent très diverses, les questions de coopération et de mutualisation qui se posent à elles sont analogues. Le territoire pertinent pour définir une politique documentaire propre aux différentes institutions est de plus en plus large: sites universitaires, régions, métropoles et intercommunalités", souligne en introduction Pierre Carbone, doyen de l’inspection générale des bibliothèques.
 
Les équilibres à trouver ne sont pas seulement géographiques mais concernent également les collections et les services. Le numérique, en particulier, conduit à redéfinir la politique documentaire et les services.
 
Les bibliothèques territoriales, premier service public culturel
Les bibliothèques territoriales constituent le premier service public culturel. Pourtant, rappelle Pierre Carbone, faisant référence à un autre rapport de l’IGB publié en début d'année, 55 % des communes de France, représentant 11 millions de personnes, soit 17% de la population française, ne disposent d’aucun lieu de lecture publique de proximité.
 
Malgré la diversité des situations, bien souvent, seul l'échelon intercommunal peut garantir un bon niveau de professionnalisation, assurer la richesse de la programmation culturelle, permettre d’étendre les horaires d’ouverture de l’équipement central, constate le rapport.
 
Le réseau des médiathèques de la Communauté d’agglomération de Pau-Pyrénées, est à ce titre exemplaire. Après de nombreuses difficultés, marquées notamment par l’abandon du projet pharaonique –et irréalisable– de grande médiathèque imaginée par l’architecte irako-britannique, récemment décédée, Zaha Hadid, la lecture publique est aujourd’hui entièrement pensée en réseau (politique documentaire unifiée, carte unique, etc.).
 
Changement d’échelle pour les bibliothèques universitaires
La création de communautés d’universités et d’établissements conduit les services de documentation universitaires à se repenser à une échelle plus vaste. Le regroupement des trois universités de Lille, par exemple a conduit à la programmation de trois learning centers thématiques, à une réflexion collective sur l’organisation des services, à la mise en œuvre d’une politique documentaire unifiée à grande échelle, au projet de création d’un portail Internet unique.
 
L’université de Lyon, implanté sur les sites de Lyon et Saint-Etienne, a pour ambition, quant à elle, de constituer un site documentaire de référence international, facteur de compétitivité et d’attractivité sur son territoire.
 
Pour les bibliothèques territoriales comme pour les bibliothèques universitaires, tous ces défis à relever se font dans un contexte financier tendu. Les collectivités territoriales sont parfois amenées à réduire de manière drastique les moyens budgétaires et humains attribués aux établissements de lecture publique. Du côté des BU, "face à l’inflation constante du coût des périodiques et des ressources électroniques spécialisées, la documentation étudiante a trop longtemps servie de variable d’ajustement", déplore Pierre Carbone.

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