La bibliothèque sur roues, LA solution pour densifier l'accès au livre dans les zones blanches ? Chaque avantage s'accompagne d'un inconvénient. Flexible, elle atteint les marchés, les bourgs et villages. Mais il faut qu'elle soit facile à garer, voire que son agent ait un permis poids lourds - le permis B autorise à conduire un véhicule jusqu'à 9 places et 3,5 tonnes. À la fin de l'année 2022, la ville de Chalon a ainsi dû se séparer de son bibliobus vieillissant, pour lequel il fallait un chauffeur poids lourds. L'idée d'un nouveau bibliobus a été écartée pour celle de points de lecture dans les différents quartiers de la commune. Ce qui demande tout de même d'acheter une camionnette navette. " Le véhicule qui desservira ces points lecture pourra également être mobilisé sur les différents évènements organisés dans les quartiers ", nous précise la Ville.

Pétales de lecture

Certaines communes ou départements ont opté pour la bibliothèque de petite taille. Par exemple, celle conçue par Bibliothèques sans frontières, l'Ideas Box : des boîtes avec livres, tablettes, assises qui se déploient en vingt minutes. Ou la Bibliambule, conçue en 2015 par l'association Z'Ambules et Compagnie : un tricycle transporte un prisme octogonal, qui renferme des livres. Pour y accéder, les parois se déplient comme des pétales pour devenir des hamacs. L'ensemble coloré ne passe pas inaperçu. Mais peut difficilement circuler sur une route départementale... Les designers ont donc conçu en 2020 une version sur remorque, tirée par voiture, à 24 000 € la version avec 5 hamacs et 4 tabourets. Inconvénient : de longues étapes administratives d'homologation et d'immatriculation avant de pouvoir circuler. Ils réfléchissent donc à une version sur remorque plus petite. D'autres triporteurs, chariots ou charrettes ont vu le jour, dévolus à la cuisine, à la pratique de la musique ou au bricolage.

Problème : quand il pleut. La dimension de l'ensemble permet de s'abriter sous un hall, mais petite taille signifie aussi choix de livres limité. Et sur des horaires restreints, donc pour un public restreint. Or, c'est un coût et toute une organisation.

Rien ne vaut une bibliothèque fixe ? " Dans les années 70, l'État a d'ailleurs investi dans la construction de bibliothèques en dur. Nous avons alors converti nos bibliobus en outils de desserte pour les bibliothèques. Aujourd'hui, ce système s'est arrêté et elles viennent directement dans nos magasins pour choisir parmi les 75 000 livres présents sur place. C'est aussi pour les bibliothécaires l'occasion de rencontrer notre équipe ", retrace Hélène Curchod, directrice de la Bibliothèque départementale de la Marne. Autre alternative : livrer les livres à l'occasion d'un déplacement professionnel. " Si les bibliothèques forment des agents départementaux du champ médico-social au portage de livres à domicile par exemple, cela permet de démultiplier ce service ", avançait Valérie Travier, la cheffe de bureau de la lecture publique au ministère de la Culture, lors des journées d'études 2023 de l'Association des bibliothécaires départementaux.

Solution intermédiaire, mise en place par la bibliothèque de l'Essonne : un fablab itinérant qui pose ses outils sur plusieurs jours dans les médiathèques, collèges, maisons des jeunes et de la culture ou repair cafés. Tandis que les trois bibliobus de la Marne ne jetaient l'ancre dans les villages desservis qu'entre une heure trente et trois heures toutes les cinq semaines, ne touchant que 1 à 2 % de la population de la commune. Mais peut-être un ou une future ministre parmi eux ! Un bibliobus a encore son intérêt dans les zones blanches, persiste Hélène Curchod. Mais il faut inventer une nouvelle forme. " Aujourd'hui, il nous semble qu'un véhicule proposant plus de services serait plus pertinent et réussirait à créer une dynamique locale, mobiliser les habitants autour d'un projet... ", avance-t-elle. Comme celui de créer une bibliothèque dans leur village, par exemple !

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