C’est une ode au discours, à la langue française et au dialogue, qui a été développée par deux jeunes professeurs vingtenaires passionnés de langue française, Tugdual de Morel et Elie Petit.
Autodiffusion
Créée en mars 2023, la revue (presque) semestrielle Affixe prépare son troisième numéro, consacré au suffixe -té, après s’être intéressée à -ment puis dé-. Autodiffusée, la revue s’est écoulée à plus de 750 exemplaires pour son premier numéro – qui a connu un réassort, tandis que le deuxième, sorti fin mars 2024, a été tiré à 1 000 exemplaires.
Leur diffusion est au gré de leurs déplacements, liés à d’autres activités plus rémunératrices. En plus d’être maîtres de conférence à l’Université de Paris-Nanterre, Elie Petit collabore comme journaliste avec plusieurs médias et Tugdual de Morel est encore commercial dans le secteur de l’énergie.
Une cible des « amoureux de la langue »
« Il y a eu un bon accueil des médias », s’enthousiasme Tugdual de Morel à propos d’Affixe, pour laquelle il tenait à ce format papier. « C’est un espace de rencontre par le biais des librairies », explique Elie Petit qui souhaite « faire un objet qui valorise le texte ». « Qui dit qu’on ne fera pas de podcast dans le futur ? » renchérie tout de suite son acolyte. Consacrée au sens du discours et ciblant un large public « d’amoureux de la langue », la revue s’est positionnée dans une niche en demande de documentation. En témoigne l’intérêt revigoré, après une tribune des éditeurs dans le journal Le Monde en février dernier, sur le sens du discours en politique.
En plus de la revue, les deux fondateurs développent des ateliers d’écriture lors de rendez-vous littéraires comme le festival de Mangiennes (Meuse), celui de St-Denis (Seine-Saint-Denis) ou en institution comme à l’école d’art de Paris Bercy ou à Beaubourg, toujours à Paris. Une diversification qui leur permet d’entrevoir un futur au beau fixe, avec la création d’une maison d’édition et la publication d’au moins trois livres sur le sujet pour le lancement, avant « une tournée des maisons de la poésie ».
Revue financée par la fondation Vera Michalski
En attendant d’intégrer pleinement l’univers du langage, les jeunes utilisent les réseaux sociaux, surtout Instagram, « avec des messages intriguants », pour capter leur audience. Financé par la fondation Vera Michalski « et des subventions », le projet ne cherche pas la rentabilité, mais plutôt à être « à l’équilibre ». Les éditeurs voient donc leur création comme une mission de service public pour « comprendre le monde par le langage et la littérature » et, à terme, comme un outil de compréhension pour les suffixes et les pré-fixes. Pour le deuxième numéro, les fondateurs ont reçu plus de 200 textes. Ils choisissent ces derniers selon leur capacité à être autonome, tout en permettant à l’ensemble de la revue de devenir un laboratoire autant qu’une chambre d’écoute. Le prochain numéro est prévu pour la fin de l’année.