Le roman américain et sa technique fascinent de longue date les prosateurs français. Le dernier en date à s’en inspirer se nomme Jérémy Fel. Pour son entrée sur la scène littéraire, il est comparé par son éditeur à Stephen King et Joyce Carol Oates. Il n’est pas anodin d’apprendre que l’auteur des Loups à leur porte a été scénariste. Le voici qui installe une à une les pièces de son puzzle.
Il y a d’abord Loretta Greer, presque 44 ans. Une femme qui vit au fond du Kansas, dans une ferme entourée de champs de blé. Son mari, George, est violent. Son fils, Daryl, est un adolescent qui hait son père. Ensuite vient Duane Parsons, qui a quitté New York et roule vers Chicago. A ses côtés, on trouve Josh, le gamin de 3 ans que celui qui a déjà été arrêté pour le braquage d’une épicerie a kidnappé. Après, direction la France. Dans une maison près d’Annecy, Claire Millet travaille à un mémoire de recherche de master portant sur un fait divers survenu au Kansas à la fin des années 1970, quand Loretta et George Greer ont trouvé la mort dans un incendie… N’oublions pas de présenter Louise Doucet, vendeuse dans un petit magasin de tissus dans le centre de Nantes, trompée par son mari. Ou encore Martha et Paul Lamb qui résident à Twin Falls et doivent répondre aux questions d’un certain Walter.
Les personnages de Jérémy Fel semblent tous en danger ou dangereux. A chaque page des Loups à leur porte, une menace plane au-dessus d’eux. L’ancien libraire a le sens de la construction, de la scène. Une manière de faire monter la tension et de créer du suspense. Peu à peu, les fils se relient. Et le lecteur frémit. Al. F.