C’est un épisode un peu oublié de la Révolution française, celui du soulèvement de Lyon contre la Convention nationale en 1793. Il sert de toile de fond au premier roman d’Antoine de Meaux. L’auteur qui aime le Sahara et les aventuriers (L’ultime désert. Vie et mort de Michel Vieuchange, Libretto, 2015) a choisi un territoire urbain pour planter son décor et installer ses personnages, les vrais, ceux de l’Histoire, comme Kellermann, Fouché ou Collot d’Herbois, et ceux qu’il a inventés.
Dans ce Lyon industrieux, républicain et rebelle, où les sans-culottes finissent par être commandés par des royalistes, on suit le parcours de Jean de Pierrebelle, aristocrate aussi attaché à sa liberté qu’à la dive bouteille, qui tombe amoureux de la jeune Sophie de Pale. On y croise aussi l’abbé Barthélemy, un prêtre réfractaire, et son beau-frère Louis du Torbeil. Tous n’ont qu’un but : refuser la sauvagerie parisienne.
Dans ce roman hugolien, Antoine de Meaux avance en quatre grandes parties, mais par chapitres brefs. Par ces saynètes, il ponctue le drame qui s’installe jusqu’au siège de la ville puis dans les terribles représailles. "Lyon, comme Carthage, doit être détruite", annonce le Jacobin Dubois-Crancé.
Sur la place des Terreaux, la Terreur s’installe. Le rasoir national commence ses découpes fatales. Le fleuve guillotine emporte des centaines de têtes, mais cela ne suffit pas. Il faudra aussi des fusils et des canons pour punir cette cité résistante qui a osé défier Paris sans être contre-révolutionnaire, simplement pour avoir refusé la mort comme gouvernement. C’est bien elle l’héroïne de ce roman ardent. D’ailleurs, Antoine de Meaux a prévu un plan en annexe. Laurent Lemire