Avant-critique Roman

Vérités et mensonges. Qui se souvient de Claas Relotius ? Ce jeune homme, grand reporter au prestigieux Der Spiegel, loué tant par ses pairs que ses lecteurs, récipiendaire des prix de journalisme les plus prestigieux, fut démasqué par l'un de ses confrères et convaincu d'avoir bidonné quasiment l'ensemble des articles qu'il ait jamais publiés. L'affaire fit grand bruit à l'époque (2018) tant elle charriait avec elle nombre d'interrogations fiévreuses de notre époque dans le monde des médias, des fake news à l'émergence de l'IA.

Transposé sous le nom d'Arnaud Daguerre, plume vedette et française du célèbre magazine d'investigation Le Miroir, l'imposteur démasqué est le héros, humain tout de même, trop humain, des Vérités parallèles, le deuxième roman de Marie Mangez (après un très troublant et réussi Le parfum des cendres, Finitude, 2021). Un livre plus ambitieux, plus romanesque, où l'autrice laisse libre cours à son goût pour l'anthropologie sociale, métier qu'elle exerce par ailleurs. Tout l'enjeu narratif consiste ici pour la romancière à conduire le lecteur à penser qu'au fond, il n'est peut-être pas de plus grande victime d'une imposture que l'imposteur lui-même. En effet, regardons-le à la fois mentir et souffrir, cet Arnaud Daguerre toujours trop poli pour être honnête. C'est une victime. De sa classe bourgeoise, de sa timidité, de la crédulité de ceux qui l'aiment, sa femme, ses enfants. De son aveuglement sur son véritable talent qui ne serait pas le journalisme comme il le croit mais plutôt le roman. Le meilleur. Comme celui-ci.

Marie Mangez
Les vérités parallèles
Finitude

Tirage: 6 000 ex.
Prix: 20 € ; 256 p.
ISBN: 9782363392121

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