Quitter l'enfance. Cet Adolescent amoureux a toutes les caractéristiques d'un premier roman : la délicatesse du sujet et de l'écriture, le côté largement autobiographique... Pourtant, c'est un deuxième. On avait déjà aimé, du même auteur, Prélude à son absence (Mercure de France), Prix du roman gay 2023. Robin Josserand se glisse, à la première personne, dans la peau et l'âme du narrateur, un ado de 17 ans, en terminale, dans une ville de province particulièrement sinistre. Si l'on en croit la citation de Christian Bobin en ouverture et quelques indices au fil du récit, il s'agirait du Creusot. À la fin, le garçon confiera son prénom au premier type de rencontre avec qui il baise, mal : Robin. Une espèce de mise en abyme. Sa vie est bien banale, entre sa famille, sans histoire et plutôt sympa, et le lycée, où il est bon élève. Son seul copain, Luc, tentera bien de l'entraîner dans son délire autodestructeur, en vain. Cette année va être occupée par tout autre chose : l'arrivée d'Arture, un beau ténébreux de 20 ans, d'une classe sociale inférieure, aux fréquentations et activités douteuses. Un taiseux, hétéro, dont notre héros tombe amoureux. Jusqu'à essayer de lui ressembler, d'apprendre la batterie (Arture est musicien de jazz), de lui parler un peu de musique, à peine. Rien d'autre. Le reste n'est que fantasmes, et puis Arture va s'effacer... On n'en dira pas plus, pour préserver l'intrigue subtile de ce beau roman, simple en apparence, où pas mal de jeunes se retrouveront sûrement. Gays ou non, au Creusot et ailleurs.