Éclectique, atypique, prolifique, Denis Grozdanovitch, le tennisman écrivain, a extrait de son carnet-journal qui semble l'accompagner chaque jour un certain nombre de textes, sans solution de continuité, si ce n'est la folle érudition dont ils témoignent, et sur des thèmes variés. En vrac, sa néophobie, son amour des chats, sa passion pour les faits divers, les anecdotes qui, mine de rien, en disent long sur nous, notre triste époque affolée et son utilitarisme invasif, ses rêves, ou encore son côté « aventurier en fauteuil ». Un gars qui, en lisant les grands écrivains voyageurs et sans bouger de chez lui, a fait plusieurs fois le tour du monde.
Le plus réjouissant, dans ce livre buissonnier, c'est sa célébration de la belle langue française, celle de Montaigne, claire et précise, et donc sa chasse au verbiage pompeux, au charabia pseudo-savant parfois en usage dans nos universités, et « toutes précautions métalinguistiques prises », n'est-ce pas ? Quant aux plus acérées flèches de son carquois, Grozdanovitch les réserve à René Char, une de nos vaches sacrées nationales, « une imposture » dit-il, et à son « amphigouri verbal ». Et de citer quelques textes pas piqués des hannetons, genre : « Dans les nacelles de l'enclume / Vit le poète solitaire / Grande brouette des marécages. » Il n'y a pas que ça chez Char, bien sûr, c'est un peu injuste. Mais c'est drôle, et ça fait tellement de bien.
La gloire des petits choses
Grasset
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 220 € ; 224 p.
ISBN: 9782246827443