13 avril > roman Afrique du Sud

"Le destin exige parfois un prix terrible, difficile à accepter. Mais il ne faut pas le défier en cherchant à revenir en arrière." C’est pourtant ce que s’évertue à faire magnifiquement le premier roman de Dominique Botha. Celle-ci recompose "les ossements de la mémoire" en revenant, avec éclat, sur son histoire. Celle d’une petite fille qui grandit aux côtés d’un grand frère adoré, Paul. Ce garçon sauvage, fragile et hypersensible qui rêve de devenir écrivain. Leur complicité leur garantit des moments magiques. Ils courent derrière les fées, tout en échangeant des confidences pour affronter le monde des grands.

Cependant, Paul le poète est prisonnier d’un piège redoutable : l’autodestruction. On suit avec effroi le déclin de ce jeune homme brillant. Alors qu’il revendique la rébellion, il se brise les ailes. La narratrice avale toutes les couleuvres de sa dépravation, mais où les mènera ce tourbillon ? Paul estime que les "histoires de familles, c’est de la matière première. Le lieu d’origine nous marque à vie." La force de ce livre est qu’il se situe dans une lignée de Boers en Afrique du Sud. Proches de militants antiapartheid, les parents des héros "sont pleins d’espoir de changements".

On suit les mutations de la narratrice et de sa terre natale. L’un des personnages affirme "qu’on ne peut pas perdre ce qu’on n’a jamais possédé". Le roman ne prétend pas pouvoir s’emparer du passé, il le ravive en saisissant des clefs essentielles. Dominique Botha est active dans plusieurs associations culturelles, et son écriture rend hommage à l’esprit fraternel. Le son de sa plume est bercé par la poésie, la tendresse et la nostalgie de l’enfance, dont nous découvrons "les derniers vestiges". Avec ce "poème d’adieu", on assiste indéniablement à la naissance d’un écrivain.

K. E.

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