"Ils ont un effet visible sur les ventes"

"Les 12-30 ans s’identifient davantage à un youtubeur avec qui ils partagent des centres d’intérêt." Aurélia Chesneau, Milady - Photo Milady

"Ils ont un effet visible sur les ventes"

L’émergence des booktubeurs dans la prescription de livres est clairement perçue dans les services de presse des maisons d’édition, même si leur impact apparaît inégal.

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Par Pierre Georges
avec Créé le 29.05.2015 à 13h30

"J’ai assisté aux débuts timides d’une poignée de blogueurs littéraires face à des webcams, qui proposaient alors un concept de présentation inédit en France, largement inspiré des Etats-Unis, se souvient Aurélia Chesneau, attachée de presse chez Milady. En l’espace de quelques années, ces animateurs du Web se sont imposés comme de nouvelles voix journalistiques, tout à fait complémentaires des médias traditionnels", estime-t-elle, en faisant valoir l’aisance et le professionnalisme de certains booktubeurs, qui n’ont rien à envier aux animateurs de télévision.

Du coup, les éditeurs n’hésitent plus à nouer des partenariats durables avec ces critiques littéraires d’un nouveau genre. Milady, qui a particulièrement à cœur de les valoriser, leur envoie ses ouvrages, travaillant avec une trentaine de booktubeurs de tous les âges et recherchant sans cesse de nouvelles collaborations.

Les éditeurs ne s’y trompent pas : les booktubeurs sont avant tout des passionnés de lecture, qui s’investissent considérablement pour promouvoir leurs coups de cœur et animer leurs communautés respectives. Les plus dynamiques n’hésitent plus à s’équiper d’un matériel quasi professionnel, caméra dernier cri et logiciels de montage performants pour proposer à leurs milliers d’abonnés des vidéos de qualité optimale.

Des domaines très ciblés

Pour Maud Beaumont, chez l’éditeur de bandes dessinées Delcourt, "il y a deux conditions sine qua non pour engager une collaboration avec un booktubeur : la qualité de la critique et le nombre d’abonnés à la chaîne. Si, en plus, les chroniques sont relayées par des auteurs ou des journalistes sur les réseaux sociaux, c’est un argument de poids". Ce que confirme Aurélia Chesneau : "Les lecteurs de 12-30 ans s’identifient certainement davantage à un youtubeur avec qui ils partagent des centres d’intérêt qu’à des émissions télévisées culturelles et généralistes qui n’ont pas l’envie ou l’intention de communiquer à l’adresse des téléspectateurs de moins de 30 ans."

"L’effet sur les ventes est souvent visible, et nous travaillons efficacement avec quelques booktubeurs, observe aussi Charlotte Ajame, attachée de presse chez Flammarion. Mais, tempère-t-elle, ma sensation reste que cela fonctionne mieux sur des thématiques ou des domaines très ciblés que sur la littérature de manière générale. Beaucoup de ces booktubeurs ne s’intéressent par exemple qu’à la fantasy ou à la science-fiction". P. G.

29.05 2015

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