Convaincu que c’est en les revendant qu’il parviendra à pérenniser l’activité de chaque librairie, Michel Rességuier, le nouveau président du réseau Chapitre, détaille son calendrier, expose ses marges de manœuvre et tente de rassurer ses partenaires.
Livres Hebdo - Vous avez annoncé, lundi 24 septembre, la mise en vente de l’ensemble des librairies Chapitre. Qu’est-ce qui vous a conduit à prendre cette décision ?
Michel Rességuier - Depuis cinq ans, le réseau est globalement déficitaire. Il perd des sommes importantes et constantes. Pour comprendre cette situation, nous avons mené, dès mon arrivée début mai, un travail d’analyse des comptes de résultat de chaque magasin.
Michel Rességuier- Photo OLIVIER DION Nous avons ainsi validé notre première intuition selon laquelle le devenir de chaque librairie passe par des leviers différents compte tenu des spécificités propres à chacune d’elles : taille, histoire, ancrage local, offre… D’où la décision, finalement, de faire jouer l’entreprenariat individuel et de trouver un actionnaire par librairie.
A ce jour, combien de dossiers de reprises sont sur votre bureau ?
Plus d’une quinzaine, dont deux vont connaître une issue imminente, Dax et Rennes. Le projet de Grenoble devrait lui aussi aboutir prochainement. Pour les autres, je ne veux rien révéler avant la constitution d’un dossier solide, pour ne pas créer de faux espoirs. Je constate en tout cas que l’annonce de la mise en vente de l’ensemble du réseau a réveillé certaines ambitions, comme à Lorient et à Angoulême, où les directeurs ont, depuis, fait acte de candidature.
Pensez-vous pouvoir vendre les 54 librairies qu’il vous reste ?
Si je parviens, financièrement, à tenir jusqu’à l’été, une très grande partie de l’activité sera sauvée. J’ai donc surtout besoin de gagner du temps. Nous sommes en train d’élargir le champ des candidatures vers des intervenants extérieurs au milieu du livre, en mobilisant notamment les chambres de commerce et d’industrie. Nous avons d’ailleurs noué des premiers contacts, l’idéal étant de marier ces acteurs extérieurs à un libraire. Pour les magasins les plus fragiles, comme celui de Lyon qui est confronté à des coûts immobiliers excessifs, la reprise, pour être pérenne, devra sans doute s’accompagner de mesures particulières, un déménagement en l’occurrence. Enfin, si la situation l’impose et dans le but de préserver l’emploi, nous accepterons de céder le fonds de commerce sans reprise de l’activité. Au total, le nombre de magasins non repris devraient donc rester marginal.
Comment comptez-vous faire pour « tenir financièrement jusqu’à l’été » ?
Il nous faut déjà assurer la fin d’année… et donc remplir nos librairies. Nous avons entamé des négociations avec l’ensemble des distributeurs et diffuseurs avec pour objectif d’obtenir l’augmentation par dix de nos encours. En contrepartie, je m’engage à payer ces augmentations temporaires en m’appuyant sur différentes garanties financières. Je ne ferai pas un Virgin bis. Autrement dit, je ne déposerai pas le bilan le 4 janvier. Mais, pour tenir, le soutien de nos partenaires, dont notre actionnaire Actissia, sera déterminant. Par ailleurs, dès aujourd’hui, nous mettons en place dans chaque librairie des plans d’actions issus du travail d’analyse effectué depuis le mois de mai. Il s’agit d’améliorer les performances grâce, par exemple, à des formations en vente et en merchandising, à un élargissement pertinent de l’offre ou encore à des échanges d’expériences entre les points de vente.
Quelle sera, dans cette nouvelle configuration, la place de la plateforme de distribution Loglibris, actuellement utilisée par les librairies Chapitre et détenue à 49 % par votre maison mère Actissia ?
Nous laisserons chaque repreneur décider d’utiliser ou non Loglibris. Sachant que les librairies Chapitre représentent 15 % de son activité, nous devons toutefois veiller à ne pas mettre en péril cette plateforme détenue à 51 % par Volumen-La Martinière. C’est pourquoi j’appuierai chaque repreneur désireux de continuer à utiliser cet outil de distribution.
Le siège de Chapitre comptabilise une centaine d’emplois. Comment comptez-vous les sauver ?
Il faut inverser la logique et passer d’un siège qui crée des frais à une structure qui crée de la valeur ajoutée pour les magasins. Même si, pour le moment, nous n’en sommes qu’aux prémisses de la réflexion, il est possible d’imaginer une structure mutualisée, type GIE, qui élaborerait des services généraux utiles aux librairies. Par exemple, dans le domaine de la formation ou des services juridiques.
Plus généralement, pensez-vous que l’organisation en réseau reste un modèle d’avenir pour la librairie ?
Le problème pour Chapitre, c’est que le réseau s’est construit sur de l’existant via le rachat de librairies aux profils très différents. Cela n’a donc pas fonctionné. Mais des enseignes comme Cultura ou Furet du Nord nous prouvent que cette forme d’organisation a une place sur le marché.
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Par
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