SOCIAL

Librairie Gibert Joseph à Paris.- Photo OLIVIER DION

"Au final, le bilan est assez encourageant. Même si les interrogations étaient nombreuses, nous n'avons pas eu de remontées massives de problèmes", constate Matthieu de Montchalin, président de la commission sociale du SLF et patron de L'Armitière. Très technique, la mise en application de la nouvelle grille des emplois spécifique à la librairie (1) suscitait en effet beaucoup d'appréhension. Grâce notamment à un effort de pédagogie du syndicat, soutenu par un vaste plan de formation, son application, obligatoire au 1er mars 2011, s'est déroulée sans trop d'anicroches, malgré quelques grincements de dents.

Jugée souple et davantage proche de la réalité du terrain, la nouvelle grille a surtout été bien accueillie dans les petites structures, qui ont massivement apprécié et utilisé les 21 "emplois-repères". Décrivant de manière très précise les postes les plus courants en librairie, ils ont permis de clarifier les besoins de l'entreprise et les tâches de chacun. "Cette grille facilite aussi l'émergence d'une hiérarchie et de profils aptes à plus de responsabilités", souligne Michèle Capdequi (Préface, Colomiers). Plus globalement, la classification a eu le mérite "d'ouvrir un dialogue autour des ressources humaines, qui n'existait que très peu en librairie", analyse Anne-Lise Signour, chargée de mission pour les questions sociales au SLF.

Un dialogue parfois difficile

Le dialogue a pourtant été parfois musclé, notamment dans les plus grandes structures. Si certains salariés se sont battus pour que demeure la "qualification de libraire", une appellation qui a totalement disparu au profit de "vendeur" ou "gestionnaire", la plupart se sentent frustrés, rétrogradés ou ont l'impression d'être bloqués dans leur évolution. "80 % des libraires atteignent le plus haut niveau des postes de vendeurs, mais sans espoir de franchir le cap suivant, classé en agent de maîtrise et qui entraîne une forte augmentation du salaire brut", analysent plusieurs délégués du personnel. D'autant plus que l'application de la nouvelle classification a entraîné une hausse de la masse salariale, estimée à 5 % par le SLF. "Ce n'est pas la grille qui les bloque, mais la situation économique de la librairie, argumente Matthieu de Montchalin. A nous de nous battre pour obtenir de meilleures conditions afin de pouvoir créer ces postes." Pour faciliter l'évolution, les partenaires sociaux élaborent également un plan de formation continue. Des formations qui auront toujours un coût.

(1) Voir LH 864, du 6.5.2011, p. 52.

26.10 2015

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