Par quoi les bibliothèques ont-elles fait parler d'elles entre le 14 juillet et le 20 août ? Se poser la question permet à la fois de retenir encore un peu l'été tout en cherchant à repérer les sujets qui traversent ces établissements. Le moteur de recherche le plus populaire a généré pas moins de 478 messages d'alerte pour des « actualités » comportant les mots « bibliothèque » ou « médiathèque ». Cela renvoie à plus de 550 articles principalement issus de la presse quotidienne régionale (notamment La Dépêche du Midi, Sud-Ouest, La Voix du Nord, Ouest-France, Le Progrès ) mais aussi internationale (notamment québécoise). Bibliothèque ou médiathèque ? A l'heure où il n'est plus concevable d'ouvrir un établissement qui se réduirait à l'offre de lecture, il faut constater la place relativement modérée du terme « médiathèque ». Il représente 41% des messages contre 59% pour le terme « bibliothèque ». Le déséquilibre est un peu moins grand quand on compare le nombre d'occurrences de chacun de ce terme dans l'ensemble du corpus des premières phrases de chaque article apparaissant dans les messages d'alerte (600 contre 742 soit 45%). La notion peine donc à s'imposer... Observons d'ailleurs qu'un relevé effectué en 2010 sur les mêmes sources conduisait à un constat de parité entre les deux termes. Et il est vrai que l'étude des mots qui sont le plus souvent utilisés conforte la définition de l'institution par le livre : « livres » (113 occurrences), « lecture » (47), « lecteurs » (29), « lire » (27), « livre » (25). La référence à d'autres offres est beaucoup plus rare : « numérique » (38), « cd » (31), « multimédia » (17). Bien sûr il serait erroné de faire des articles de presse la description fidèle de la réalité des bibliothèques ou médiathèques mais force est de constater que, vues à travers son prisme, le nouveau visage des bibliothèques rencontre des difficultés à imposer sa marque. Les bibliothèques apparaissent particulièrement comme l'institution de promotion et défense du livre et de la lecture. C'est un fait mais ce pourrait constituer un point de fragilité si elle ne se résume qu'à cette forme de « résistance ». Etre « en phase » avec la population d'aujourd'hui serait à même de lui assurer un avenir... Bibliothèque ou musée ? La question se pose quand on constate la fréquence massive avec laquelle les termes « exposition » (74) ou « l'exposition » (26) sont utilisés dans les articles ( le nuage de mots du corpus est accessible ici ). Dans les discours médiatiques qui entourent les bibliothèques, l'activité d'exposition prend une large place ce qui peut être interrogé. En effet, l'exposition prend le plus souvent la forme d'une situation dans laquelle le visiteur est placé en position de recevoir une offre qui a été choisie et mise en forme par l'institution. Cette forme de communication est caractéristique d'un monde (qui tend à s'affaiblir) dans lequel les institutions et leurs représentants étaient des intermédiaires indispensables et légitimes à la découverte de la création. C'est très 20ème siècle comme on dit aujourd'hui ! Comme si Internet n'avait pas largement sapé les fondements de cette vision puisque les œuvres et discours sur elles se démultiplient et chacun (et pas seulement le « clergé ») s'autorise à s'intéresser (ou non) voire à commenter ce qui lui plaît (ou non). En accordant une telle place à ce type d'action culturelle les bibliothèques prennent le risque de « vieillir » leur image et, on peut le craindre, leur public. Ouvertes ou fermées ? La période estivale génère des interrogations sur la question des « horaires » (28). Un certain nombre d'articles traitent de ce sujet et ils hésitent. Ainsi le terme « fermeture » apparaît 20 fois et l'adjectif « fermée » 26. Mais dans 34 articles au contraires les auteurs relèvent que la bibliothèque ou médiathèque est « ouverte ». Ainsi, Sud-Ouest affirme le 25 juillet : « la médiathèque ne prend pas de vacances » ( article Sud Ouest ) à propos de cet établissement de Saint-Seurin sur L'Isle en Gironde. Idem pour la médiathèque de Chantepie près de Rennes qui, selon Ouest-France « accueille les lecteurs tout au long de l'été » ( article Ouest France ). Pour les établissements, ce type de message est bien sûr plus valorisant auprès de la population (notamment celle qui n'est pas en vacances) qui peut ainsi constater que l'établissement se tient à ses côtés dans la durée. L'institution ne cesse son travail d'institution... Le message est bien sûr moins favorable quand un journal titre : « Lyon : toutes les bibliothèques fermées cette semaine sauf la Part-Dieu » ( article Lyon Mag ). Une semaine sans bibliothèque ? Suite de ce compte-rendu dans le prochain texte...
15.10 2013

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