« En marge du dialogue constructif qui s'est notamment instauré entre les régions et les éditeurs scolaires depuis 7 ans, ceux-ci déplorent le classement « sans suite » de l'appel d'offre sur les manuels numériques dans les lycées du Languedoc-Roussillon, rendu infructueux par manque de concertation sur les conditions de faisabilité technique d'un tel déploiement » déclarent-ils dans un communiqué publié le 20 juin 2013.
« Ils proposent d'étudier avec la région de manière approfondie la mise en oeuvre d'un équipement des lycées en manuels numériques » ajoute le texte, précisant qu'une rencontre doit se tenir prochainement à Montpellier, chef-lieu de la région.
Le Languedoc-Roussillon avait lancé un appel d'offre pour fournir des manuels numériques d'anglais et de mathématiques à tous ses lycéens, qu'elle équipe également d'ordinateurs portables, pour un budget de plus de 15 millions d'euros par an. Il a été déclaré infructueux, d'abord pour des raisons techniques, mais également financières, a expliqué la région.
Trois soumissionnaires ont répondu
Entre les différentes filières générales, technologiques et professionnelles, il fallait fournir plus de 200 références, avec le service support pour régler les problèmes techniques. Trois soumissionnaires ont répondu : le groupe Jouve, la Librairie des étudiants (LDE) et la librairie Sauramps, associée à la société RDI, qui fournit les portables. La région craignait que le poids numérique des manuels, de plusieurs dizaines de Mo chacun, ne sature les réseaux des établissements lors des téléchargements.
Par ailleurs, les soumissionnaires n'avaient aucune marge de manoeuvre quant au prix des licences, en raison de la loi sur le prix du livre numérique, et de la faible marge qui leur était de toute façon concédée, expliquent-ils. Dans la revente de manuels papiers à des collectivités, les libraires sont libres de fixer leurs prix, et ils rétrocèdent en général 22 à 26% de leur remise, plafonnée à 31.5%. Dans la réglementation sur le prix du livre numérique, cette latitude existe notamment pour le marché universitaire. Le prix fixe ne s'applique pas aux livres "intégrés dans des offres proposées sous la forme de licences d'utilisation et associant à ces livres numériques des contenus d'une autre nature et des fonctionnalités. Ces licences (...) doivent être destinées à un usage collectif et proposées dans un but professionnel, de recherche ou d'enseignement supérieur" selon le 3e alinéa de l'article 2 de la loi, que tient à rappeler Thierry Lecompte, directeur de l'Appel du Livre, librairie spécialisée dans les marchés publics.
Le lycée Alfred Mézières de Longwy a lancé également un appel d'offre regroupant la fourniture de manuels papiers, et numériques, aux établissements du secondaire de Lorraine. Il a été déclaré infructueux pour le numérique, selon l'intendant qui en a la responsabilité. Seule la LDE avait répondu à celui-ci.
« Loin d'être le secteur frileux ou passéiste que certains décrivent, les éditeurs scolaires travaillent sur la transition numérique de l'enseignement et des apprentissages depuis plus d'une décennie » insiste le communiqué des éditeurs qui rappelle toutes les initiatives du secteur, et notamment la création de plus de 3 000 manuels en version numérique, « facilement téléchargeables et utilisables en classe » et « conformes aux programmes ».