Les Sandales d'Empédocle s'insurgent contre les règles des marchés publics

devanture de la librairie de Besançon © Cécile Charonnat

Les Sandales d'Empédocle s'insurgent contre les règles des marchés publics

La librairie bisontine, qui a vu lui échapper un marché public, tire la sonnette d'alarme auprès des élus et des professionnels.

Par Cécile Charonnat
avec cch Créé le 15.04.2015 à 22h43

Romain Méchiet, directeur des Sandales d'Empédocle, est en colère. Le lot littérature et jeunesse de la médiathèque de Besançon, détenu auparavant par feu Camponovo et qui représente environ 100 000 euros de chiffre d'affaires, a été attribué vendredi dernier à la librairie Mollat de Bordeaux.

«Cette décision municipale prouve qu'il y a une réelle dichotomie entre les discours et les actes des élus. Pendant toute la saga Camponovo, ils n'ont eu de cesse de nous affirmer leur soutien, mais cela ne se traduit pas, un an plus tard, dans les actes», s'insurge le libraire.

Du côté de la bibliothèque, on se retranche derrière la légalité. «La commande publique obéit à des règles strictes qui s'imposent à nous et qui n'ont rien à voir avec le politique. Le seul élément sur lequel nous devons fonder notre décision est le dossier présenté. Dans le cas présent, celui des Sandales n'était pas bien placé», plaide Henri Ferreira-Lopes, directeur de la médiathèque, qui invite par ailleurs les libraires à «porter le plus grand soin à leur réponse, qui n'est pas qu'une simple formalité».

Les marchés publics sont en effet attribués en fonction de points accordés à une batterie de critères, techniques essentiellement, le prix n'étant plus un item valide. «Or, sur ce plan technique, je ne pourrai jamais être aussi performant et rivaliser avec un mastodonte comme Mollat», constate, amer, Romain Méchiet.

S'il souhaite que la puissance publique fasse sa part de travail sur le sujet en retirant par exemple les livres des procédures d'appel d'offre - une décision qui dépend de Bruxelles -, Romain Méchiet pointe aussi une «dérive sur ce sujet dans la profession. Pourquoi Mollat démarche à Besançon et Decitre à Bordeaux ? Pourquoi les libraires se tirent dans les pattes alors qu'ils devraient plutôt tirer tous dans le même sens sur ce point ? J'espère que la question sera posée lors des Rencontres Nationales en juin».

Pour les Sandales, la sanction a été immédiate : le CDD prévu pour l'apprentie de la librairie, qui courait de juillet à décembre, a été annulé.
15.04 2015

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