14 avril > Essais Grande-Bretagne > Llewelyn Powys

C’est grâce à Patrick Reumaux, écrivain, traducteur, mais aussi mycologue éminent, que l’on doit ce choix de textes de Llewelyn Powys (1884-1939), principalement tirés de son recueil posthume Somerset and Dorset essays, paru en 1957, sans doute son livre le plus connu. Une résurrection, pour un écrivain largement minoré au profit de son aîné, John Cooper (1872-1963), dont l’œuvre, il est vrai, est bien plus abondante, protéiforme, baroque. Et qui préfaça, justement, ces fameux Essays.

Llewelyn était donc le cadet des trois écrivains "de métier" que compta la famille du pasteur anglican Charles Francis Powys. Sur ses onze enfants, sept publièrent au moins un livre. Battus, les "Irlandais" Brontë, par les "Gallois" Powys ! Tous étaient très attachés à leur région d’origine, ce sud-ouest de l’Angleterre alors largement rural, où certains passèrent toute leur vie. Llewelyn non, qui fut fermier au Kenya, journaliste à New York, et voyagea beaucoup avant de venir s’installer en Suisse pour tenter d’y guérir sa tuberculose. En vain. Il est mort bien avant ses frères.

Mais son Dorset et son Somerset l’ont largement inspiré, la faune et la flore surtout. Chez les Powys, on était des amis de la nature. Un jour, raconte Reumaux, que le petit Llewelyn s’amusait à décapiter des lychnis avec une baguette, John Cooper lui dit : "[…] ne refais jamais, jamais ça. Jamais de ta vie entière. N’oublie pas que chaque arbre, chaque feuille, chaque fleur est vivante comme nous sommes vivants". Le garçon n’a pas oublié.

Dans ses textes, il célèbre la vie triomphante, y compris au détriment des autres : les goélands et leurs cris "primitifs", les cormorans qui "ont quelque chose de barbare et de sinistre", les renardeaux, ces "chérubins de Dionysos", les hermines et belettes chasseresses. "Powysland", un monde de l’enfance à la fois enchanteur et cruel, où les animaux jouent un rôle central : il leur prête même des sentiments humains. Llewelyn aurait pu être bouddhiste, mais, en fait, se revendiquait farouchement athée, proclamant "les dieux sont morts", et se réfugiant dans la poésie, le détachement, le naturalisme. Un contemporain à redécouvrir. J.-C. P.

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