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Le monde de la culture rend hommage à Bernard Pivot

Bernard Pivot - Photo Pierre-Philippe Marcou/AFP

Le monde de la culture rend hommage à Bernard Pivot

Décédé le 6 mai 2024, l'auteur et présentateur fait l'objet de nombreux hommages dans les médias et sur les réseaux sociaux. Son éditeur Guillaume Allary s'est aussi confié à Livres Hebdo.

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Par Léon Cattan
Créé le 06.05.2024 à 18h13 ,
Mis à jour le 07.05.2024 à 06h47

« L'habitude des radios de m'appeler à la mort d'un écrivain est si grande que, le jour où je mourrai, elles m'appelleront » ironisait Bernard Pivot sur son compte X en 2016. C'est sur cette même plateforme, que l'animateur d'Apostrophes affectionnait au point d'y consacrer un livre, que les hommages se sont multipliés à son intention. Son décès le lundi 6 mai 2024 à l'âge de 89 ans a laissé tout un pan de la sphère culturelle et politique française en deuil. 

Un homme « délicieux, amical et généreux » selon son éditeur

Dans Amis, chers amis, son dernier livre paru aux éditions Allary en 2022, Bernard Pivot faisait l'éloge de ses amitiés, parfois très anciennes. « Son amitié était un cadeau » confie Guillaume Allary à Livres Hebdo. « Je mesure la chance que j'ai eue de le fréquenter et d'avoir été proche de lui. » Rencontré il y a une quinzaine d'années par le biais de Nicole Lattès, l'éditeur a collaboré à trois reprises avec l'auteur, d'abord aux éditions Nil pour Oui, mais quelle est la question ? en 2012, puis à Allary en 2016 (Au secours ! Les mots m'ont mangé) et 2022.

« C'était un homme absolument délicieux, amical et généreux » se souvient-il. « Ces dernières décennies, personne n'a autant fait que lui pour défendre la littérature et la langue française. Mais il était resté humble, toujours aussi curieux de découvrir de nouveaux auteurs, toujours aussi admiratif du talent des autres. Il n'aimait pas qu'on parle du sien. Alors qu'il était un très bon écrivain. Il ne se paye pas de mots, mais sa langue, extrêmement précise, touche juste et fait naître l'émotion. »

Avant de raconter, avec un sourire dans la voix : « Quand on édite un auteur, on a la responsabilité de donner au texte l'écrin qu'il mérite, et cela passe par le fait de surveiller les coquilles et les fautes. Et c'est surtout vrai pour Bernard Pivot, l'homme qui a fait faire des dictées à toute la France. En temps normal, nous faisons deux relectures. Dans son cas, on pouvait aller jusqu'à quatre. » Guillaume Allary conclut : « Mais il est arrivé qu'il reste une coquille. Quand Bernard en trouvait une, il m'appelait, à la fois accablé et très amusé. »

« Le roi « Lire » s'en est allé. »

« Expert en maïeutiques salées, Bernard Pivot avait acquis dans la légende nationale une place qui lui valut non seulement sa statue au musée Grévin, mais aussi l'autorité depuis lors indépassée d'un prescripteur de bons livres, qu'il humait avec délices comme une liqueur en fût », écrit Marc Lambron de l'Académie française dans Le Point. 

Se remémorant leur rencontre avec tendresse, l'écrivain Erik Orsenna insiste au micro de BFMTV sur les multiples facettes de la personnalité de l'homme de lettres : « La littérature est le lien, mais avec Bernard Pivot, il y a toutes les dimensions de la vie : le terroir, la drôlerie, la camaraderie... » Le lauréat du prix Renaudot 2006 Alain Mabanckou a également ajouté sa pierre à l'édifice sur : « Bernard Pivot a été un pont gigantesque, et la littérature subit une perte immense. Il est, à mes yeux, un de ces médiateurs pour qui je dirais qu'en Europe aussi un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle. » 

Côté politique, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet commente sur ses réseaux sociaux : « Le roi « Lire » s'en est allé. » À son tour, Jack Lang écrit : « Bernard Pivot aura fait lire des millions de Français. Le ministre de la Culture de François Mitterand que je fus ne peut pas oublier ce moment bouleversant au cours duquel François Mitterand, déjà affaibli, a pu plusieurs heures durant décrire avec passion la saga de nos réalisations culturelles et artistiques. » 

Postant une photo de lui avec l'ex-animateur d'Apostrophes, Abdellah Boudour, organisateur de La dictée pour tous, a quant à lui tenu à célébrer une autre facette de Bernard Pivot, son engagement sur le terrain pour la langue française : « Triste nouvelle aujourd'hui avec le départ de Bernard Pivot, une figure emblématique de la promotion de la lecture et de la dictée. Son engagement passionné a inspiré des générations entières. Merci pour vos conseils, vous resterez à jamais dans mon cœur. »

Alors que le Syndicat National de l'Édition évoque dans un communiqué un « Homme de lettres, défenseur passionné de la langue française, Bernard Pivot a magnifié les livres et leurs auteurs à la télévision pour des générations de Français et de francophones à travers le monde. Ouvrez les guillemets, Apostrophes ou encore Bouillon de culture sont autant de rendez-vous que suivaient assidûment de très nombreux téléspectateurs » Vincent Montagne, Président, et Renaud Lefebvre, Directeur général, associés à l’ensemble des membres du Syndicat national de l’édition, adressent leurs plus sincères condoléances à ses proches.

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