Plus de 120 auteurs, journalistes et artistes du monde entier ont écrit au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer la libération de l'écrivain et journaliste Ahmed Naji, emprisonné pour un roman jugé contraire à la morale, a annoncé lundi 9 mai à New York l'organisation Pen America.
Organisation défendant la liberté d'expression, notamment en littérature, Pen America a précisé dans un communiqué qu'Ahmed Naji, 30 ans, serait récompensé lors de son gala annuel, le 16 mai, par son prix de la Liberté d'écrire. Le frère de l'auteur, Mohammed Naji, recevra le prix en son nom.
"Ecrire n'est pas un crime", soulignent les auteurs de la lettre, en rappelant que l'article 65 de la nouvelle Constitution égyptienne "protège la liberté d'expression".
Un emprisonnement emblématique
L'emprisonnement d'Ahmed Naji est "emblématique de la répression profondément troublante de la liberté d'expression par le gouvernement égyptien", ajoutent-ils, rappelant qu'au moins 23 journalistes étaient emprisonnés fin 2015 en Egypte, ce qui fait du pays "l'un des pires geôliers de journalistes".
Ahmed Naji, auteur de trois livres et journaliste au magazine littéraire
Akhbar al-Adab, critique ouvertement la corruption du régime actuel. Il a été inculpé en 2015 pour avoir "
violé la morale publique" après qu'un lecteur s'est plaint de son dernier roman, pourtant approuvé par le bureau de la censure égyptien, en affirmant que sa lecture l'avait rendu malade.
Son roman "fait référence au sexe et à la drogue, deux sujets tellement pertinents dans la vie contemporaine qu'ils sont traités via l'expression créative dans le monde entier", écrivent les auteurs de la lettre.
Un premier tribunal a acquitté Ahmed Naji, mais les procureurs ont fait appel, et l'écrivain a été reconnu coupable et condamné à deux ans de prison en février dernier. Il est emprisonné au Caire, selon Pen America.
L'organisation souligne aussi que, durant l'année écoulée, les autorités égyptiennes ont fermé plusieurs centres culturels, sont intervenues dans une galerie d'art et une maison d'édition, et ont emprisonné plusieurs autres artistes, dont la poète Fatima Naoot et la productrice de films Rana El-Sobky.