7 novembre > récit Etats-Unis

Sous-titré Une histoire pas naturelle de l’Amérique, Orchidée de sang démarre sur les chapeaux de roue. D’entrée, le lecteur est totalement sous la coupe de Charles Bowden et de sa prose en fusion. Un journaliste free-lance, né à Chicago en 1945, souvent nominé pour le prix Pulitzer. Cet ami de Jim Harrison dit avoir écrit ce livre bouillonnant (paru aux Etats-Unis en 1995) comme une quête pour comprendre ce qui s’est déréglé dans son existence, son pays et son époque. Gamin, il rêvait d’être paysan mais a terminé enseignant dans une université. Avant de prendre la route, de s’arrêter dans une hacienda dévastée, au sud de Chihuahua, non loin de là où Pancho Villa tomba sous les balles de ses assassins en 1923.

Bowden a bien compris qu’il lui faut justement faire face à la violence et à la guerre. A la surconsommation, aux problèmes écologiques. Aux orchidées sanglantes et à leurs racines, des plantes qui ne se reposent jamais et se nourrissent de nous. A tout ce qui menace de détruire le monde où nous évoluons du mieux que nous le pouvons.

Intarissable, l’Américain parle à la fois de Christophe Colomb, des Sioux et des bisons. Il se rappelle de l’année 1967, affirme que « la réalité ne peut exister sans la fiction ». Notre homme a toujours la bougeotte, il est capable de rouler quatre ou cinq mille kilomètres par mois, trop vite et sans ceinture, d’aller à Las Vegas, Los Angeles ou San Francisco, de loger dans des motels minables.

Cet excentrique qui prétend avoir confiance en l’avenir mêle ici « l’intime à l’universel, dont il relie les thèmes et les disciplines », comme le dit Francis Geffard, son éditeur français. Premier volet d’une trilogie dont on attend impatiemment la suite, Orchidée de sang permet d’entrer de plain-pied dans une œuvre inclassable dont le questionnement et la vitalité ne peuvent laisser indifférent. Al. F.

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