Proclamation

Ana Blandiana remporte le prix Princesse des Asturies de littérature 2024

La poétesse roumaine Ana Blandiana reçoit le prix Princesses des Asturies de littérature. - Photo Licence Creative Commons

Ana Blandiana remporte le prix Princesse des Asturies de littérature 2024

La poétesse roumaine Ana Blandiana a reçu, jeudi 23 mai, le prestigieux prix espagnol, doté de 50 000 euros, pour l’ensemble de son œuvre.

Par Élodie Carreira
Créé le 23.05.2024 à 15h51

Réuni à Oviedo, capitale des Asturies (Espagne), le jury du prix Princesse des Asturies de littérature 2024 a couronné, jeudi 23 mai, la poétesse roumaine Ana Blandiana. La lauréate de la prestigieuse distinction ibérique reçoit également une dotation de 50 000 euros pour son œuvre, ponctuée d’« une forme sublime de rébellion ».

« Ana Blandiana est l’héritière des plus brillantes traditions européennes, ainsi qu’une créatrice radicalement unique. Alliant transparence et complexité, son écriture pose des questions fondamentales sur l'existence de l'être humain, seul ou en société, face à la nature et à l'histoire. Par sa poésie indomptable, elle a fait preuve d'une extraordinaire capacité à défier la censure », a tenu à saluer le jury.

Une poétesse engagée

Née en 1942 dans l’ouest de la Roumanie, Ana Blandiana, de son vrai nom Otilia Valeria Coman, a vu à plusieurs reprises son père, un prêtre orthodoxe, incarcéré dans des prisons communistes. En 1959, l’autrice fait ses premières armes à Tribuna, où elle signe pour la première fois sous pseudonyme l’anthologie Trente jeunes poètes. « Fille de l’ennemi du peuple », Ana Blandiana est interdite de publication avant de reprendre la plume dans la revue de littérature Contemporanul. En 1964, elle publie Première personne du pluriel, puis Talon d’Achille (1966), acclamé du public, ou encore Le troisième secret (1969). Sa contribution aux revues Viata Studenteasca et Amfiteratru lui vaut d’être érigée icône de la lutte contre la dictature communiste.

Autrice renommée dans toute l’Europe, elle a signé de nombreux recueils de poésie, plusieurs essais, des contes fantastiques et deux romans. Traduite dans plus de vingt langues, la poétesse a peu été publiée en France, hormis les recueils poétiques Etoile de proie (1991) et L’architecture des vagues (1995), tous deux parus aux Ateliers du Tayrac, ou plus récemment Variations sur un thème donné (André éditeur, 2022) et Clair de mot (Unicité, 2022). Après la chute de la dictature communiste qui a sévi en Roumanie jusqu’en 1989, la poétesse s’essaye à la politique et élabore, avec l’écrivain Romulus Rusan, un mémorial de la répression, de la résistance et des victimes de l’État communiste à Sighetu Marmatiei, ville frontalière à l’Ukraine.

Anti-communiste invétérée

Elle devient également membre de l’Académie européenne de poésie, de l’Académie de poésie Mallarmé, de l’Académie mondiale de poésie de l’Unesco ainsi que de l’Union des écrivains roumains, de qui elle reçoit le prix de poésie en 1969. Elle a également reçu, entre autres distinctions, le prix national de poésie (1997), le prix Opera Omnia (2001), le prix européen du poète de la liberté en 2016, ou encore la Légion d'honneur française. Elle est aujourd’hui présidente de la Fondation Alliance Civique, mouvement apolitique qu’elle a en partie créé dans le but de dissiper l’influence de plus de 50 ans de communisme dans le pays.

Les dernières
actualités