Faux bond. Walabi est un wallaby auquel on aurait cassé un « l », voire une aile pour lui couper toute envie de s'envoler vers la liberté. On pourrait du coup confondre son histoire avec un célèbre refrain de Pierre Perret. Mais sans velléité de rallier le ciel pour autant, Walabi se verrait bien prendre la poudre d'escampette sur le plancher des vaches. Natif de Rambouillet et des réserves animalières, il nous raconte ses ancêtres du bout du monde et leurs compagnons de captivité ou de domestication en un bestiaire où l'on croise d'autres marsupiaux, des équidés de courses, des pachydermes de foire, des pélicans qui se la pètent et quelques célèbres Homos sapiens assez couillons pour gripper la belle machine éthologique. La banlieue chic des Yvelines, versaillaise dirons-nous, a déteint et Walabi s'exprime bien. Ses propos sont pointus et alertes à la fois, portés par l'écriture pleine d'humour mélancolique et de douceur poétique d'Antoine Philias, révélée par Plexiglas en 2023.

Comme ces perruches vertes à collier rouge qui égaient aujourd'hui le sud du Val-de-Marne après s'être échappées d'une caisse éventrée sur le tarmac d'Orly, les wallabys de Rambouillet sont un des exemples avérés de marronnage, ce terme odieux inventé pour décrire la fuite et l'émancipation de captifs, animaux ou esclaves. Walabi nous livre sa version singulière de la grande évasion de ses aïeux lors de la tempête de décembre 1999, jusqu'au retour à l'internement du côté de Thoiry et l'inéluctable extinction de la lignée.