Même si cela reste un pari, faire rouler sa librairie, à l’instar des colporteurs d’antan, n’est plus un phénomène marginal. Roulotte, bus, vélo, camion ou camping-car, les formules se diversifient. En un an, pas moins de quatre librairies itinérantes ont vu le jour : Liliroulotte (Bretagne) et Amet (Ardennes) en septembre 2014, Suc et Chou sur un vélo à Nantes en juin 2015 et, ce mois-ci, le Mokiroule en Ardèche. Alliant investissement et charges modestes au service de proximité, la formule permet de monter une librairie à moindre frais tout en irriguant des territoires éloignés du livre. C’est ce qui a motivé Pascale Girard, fondatrice du Mokiroule. "La vallée où j’habite est dénuée de librairie et ce commerce m’attirait, mais un magasin fixe n’est pas viable économiquement et je ne voulais pas d’une activité sédentaire. Le modèle itinérant est donc devenu évident", explique cette ex-cuisinière dans le milieu artistique. Dans un ancien bibliobus entièrement réaménagé, elle propose depuis le 24 septembre aux habitants de la vallée de l’Eyrieux 2 500 titres, fortement dominés par la jeunesse et les éditeurs locaux, et partage son temps entre rendez-vous récurrents dans les communes et participations ponctuelles à des festivals. Avec un investissement de 40 000 euros environ et un premier prévisionnel estimé à 82 000 euros, mais "fait pour être explosé", elle espère se dégager un salaire lors de la deuxième année d’activité. Cécile Charonnat