Attentat contre "Charlie Hebdo" : les réactions continuent
L’attaque terroriste meurtrière perpétrée mercredi 7 janvier au matin contre la rédaction de Charlie Hebdo continue de susciter de multiples réactions du monde du livre et des médias, que nous rassemblons au fur et à mesure.
Par
Agathe Auproux Créé le
08.01.2015
à 19h33, Mis à jour le 09.01.2015 à 18h00
L’ONG Bibliothèques Sans Frontières a adressé ce message de solidarité dans un communiqué : “Toute l’équipe de Bibliothèques Sans Frontières est sous le choc de l’acte barbare intervenu ce mercredi matin dans les locaux du journal Charlie Hebdo, une exécution programmée contre des journalistes qui défendaient et portaient au plus haut les valeurs de la liberté de penser par la caricature et le rire. Nous sommes bouleversés par leur mort, particulièrement celle de Cabu notre ami de toujours. Les valeurs de liberté de penser, de lire, de dessiner et de créer qu’on a voulu assassiner avec Cabu, Charb et tous leurs camarades, BSF continuera de les porter partout dans le monde.”
Le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, qui a ouvert une page hommage à Charlie Hebdo sur son site Internet, appelle à “ne laisser s’installer ni le silence, ni les peurs, ni la haine. Il y a les dessins qui mettent en rogne, ceux qui font marrer, ceux encore qui laissent indifférent. Chaque semaine Charlie Hebdo publie un peu de tout ça : du bon, du moins bon, de l’excellent et du scandaleux. Face à l’inacceptable, nous avions besoin de réagir, de faire corps, de se serrer les coudes. De faire appel à notre intelligence commune pour redire que le rire est un espace essentiel de liberté et que la fraternité est notre valeur fondamentale”.
La Fédération des Editeurs Européens (FEE) témoigne toute sa solidarité et affirme qu’elle “condamne les assassinats à Charlie Hebdo et continuera à défendre la liberté d’expression. Tuer des auteurs, leurs collègues et ceux qui les protégeaient, est un acte d’une lâcheté infinie. Cependant la liberté d’expression prévaudra sur la barbarie”. Le président de la FEE, Pierre Dutilleul, a déclaré que “à l’instar de tous mes collègues, je suis bien évidemment abasourdi par les crimes barbares et abjects commis contre les journalistes de Charlie Hebdo. Au nom de tous les éditeurs européens, je continuerai à me battre pour dénoncer et combattre toute atteinte à la liberté d’expression, celle-là même qui est le fondement de nos démocraties”.
La Communauté des éditeurs de presse, qui rassemble plusieurs syndicats de presse, sous le choc, exprime “sa plus grande indignation et sa vive émotion, et souhaite marquer sa profonde solidarité vis-à-vis des équipes de Charlie Hebdo, et son soutien aux victimes, dont les deux policiers qui assuraient la protection de la rédaction, et à leurs proches. En s’en prenant à une rédaction, les auteurs de cet acte particulièrement odieux ont visé la liberté de la presse. Ils s’attaquent ainsi à la liberté d’expression et à la démocratie, valeurs républicaines fondamentales partagées par tous. L’honneur de la communauté des éditeurs est d’affirmer plus que jamais sa solidarité avec ses amis de Charlie Hebdo pour la défense et l’illustration de la liberté de la presse. Il est aussi de déclarer qu’elle ne cédera jamais aux menaces et aux intimidations faites aux principes intangibles de la liberté d’expression”.
L’association Artemisia, qui oeuvre pour la promotion de la bande dessinée féminine, exprime sa solidarité en image :
La réaction en image à l'attentat contre Charlie Hebdo de l'Association Artémisia- Photo CHANTAL MONTELLIER
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Le Syndicat de la librairie francaise (SLF) réagit dans un communiqué : “La communauté des libraires exprime son indignation face à l’ignoble attentat qui a visé Charlie Hebdo. La liberté d'expression, de création ou d’édition constituent des principes absolus que les libraires, comme tous ceux qui sont attachés à la démocratie et aux droits fondamentaux, sont plus que jamais résolus à défendre.”
Le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (SNAC) a lui aussi tenu à diffuser ses mots de soutien : “Nous sommes et restons tous des Charlie Hebdo. Pour la liberté d’expression. Contre la violence et l'intolérance. Le Syndicat national des auteurs et des compositeurs s’associe à la douleur des familles de toutes les victimes de cet acte fou, de cet odieux attentat qui a eu lieu en fin de matinée d’hier au siège du journal. Nous pensons à ces personnes mortes pour rien ou pour beaucoup. A ces policiers. Et aussi à ces grands dessinateurs de presse morts pour avoir simplement exercé leur métier de créateur.”
La librairie L’Ouvre-Boîte, Paris 10e, qui a installé le jeudi 8 janvier au matin une vitrine en soutien aux auteurs et dessinateurs de Charlie, et les éditions Sarbacane ont partagé ce message : “Deux de nos amis sont directement concernés, Catherine Meurisse et Fabrice Nicolino. Nous pensons particulièrement à eux, nous les soutenons. Nous pensons à ceux qui sont partis, à ceux qui restent, à leurs familles, nous les soutenons. Le but des assassins, c’est de nous monter les uns contre les autres. Nous ne tomberons pas dans ce piège. Le but des assassins, c’est de nous faire taire. Nous continuons ce matin notre travail d’éditeurs et de libraires.”
Le dessinateur Pef et les éditions Rue du Monde s’associent pour un hommage : “Nous sommes tous Charlie. Chacun de nous est atterré. Mais sûrement pas intimidé ou terrorisé ; nous avons envie de le dire haut et fort. En ce jour de deuil national, notre ami Pef porte notre parole. Il y glisse le sourire de l’espoir. L’espoir que tous les créateurs puissent continuer de dessiner librement, avec leurs crayons tendres ou mordants, un monde généreux. N’en déplaise aux intégristes et obscurantistes de tout poil. Pef y ajoute les couleurs de la fraternité. La fraternité entre toutes les histoires de chacun des enfants de notre pays, excluant toute stigmatisation imbécile et dangereuse. Dessinons sans relâche cette République de l’audace qu’il nous faut chaque jour réinventer contre la haine et la barbarie, contre toutes les injustices et les désespérances qui les nourrissent.”
La réaction en dessin de Pef à l'attentat contre Charlie Hebdo- Photo PEF
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L’ADAGP (société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques) se dit “profondément choquée par l’acte abominable commis au siège de Charlie Hebdo ce jour et qui a visé des auteurs dans l’exercice de leur mission d’esprit libre. Il en va de la défense de la démocratie et de la liberté de penser. Ces auteurs l’ont payé de leur vie en persévérant malgré les menaces. Nous leur rendons hommage. La liberté d’expression reste un combat, les artistes continueront à le mener”.
Le dessinateur Philippe Gelluck a posté sur sa page Facebook : “Comme vous tous, je suis anéanti par cet attentat ignominieux contre la bande de Charlie Hebdo. Je perds des amis et des maîtres, et toutes mes pensées vont vers leurs proches. Mais au-delà de cette tragédie, c’est notre société entière qui est visée ; c’est chacun d’entre nous, dans sa liberté de penser. Le 7 janvier 2015 est un jour noir pour la démocratie. Honte au fascisme religieux.”
LesEditions de l’Atelier écrivent : “L’assassinat hier de 12 personnes dans les locaux du journal Charlie Hebdo suscite en nous l’effroi et la révolte. La liberté d’opinion et d’expression, de publication, sont des acquis précieux de notre démocratie qu’il faut défendre. Les journalistes et amis de Charlie Hebdo ont payé cet engagement au prix de leur vie. Les Editions de l’Atelier leur rendent hommage. Pendant plusieurs années, ils étaient nos voisins de l’étage du dessous (...). Ils n’hésitaient jamais à nous donner un coup de main pour résoudre des problèmes matériels que nous pouvions rencontrer. Nous sommes également convaincus qu’il faut démasquer les intégrismes, tous les intégrismes, les religieux comme les autres.”
L’Association des techniciens de l’édition et de la publicité (ATEP) veut adresser un message d’espoir : “Tous autant que nous sommes, ne pouvons être que révoltés et indignés de cet acte aussi lâche que barbare. Révoltés, par la bêtise «crasse» et l’obscurantisme de cet intégrisme dogmatique qui ne tolère aucune forme de différence. Indignés, par la lâcheté de ces individus qui, impuissants face à l’humour et à la dérision, ne savent réagir que par la violence et le meurtre. Comme le disait avec beaucoup d’émotion Philippe Val , ancien directeur de Charlie Hebdo, il ne faudrait surtout pas qu’ils soient morts pour rien. Les réactions multiples de par le monde, les manifestations spontanées de soutien à ces causes essentielles que sont la liberté de pensée et d’expression, le dégout manifeste de toutes les personnes descendues dans la rue contre l’intolérance, la haine et la bêtise, nous apportent malgré tout un message d’espoir… L’espoir que les hommes et les Etats redressent la tête pour garder vives les valeurs de la laïcité et de la liberté d’expression, qu’elle soit écrite ou dessinée.”
France Télévisions annonce la diffusion du film Caricaturistes – présenté au Festival de Cannes en mai 2014 – sur France 3 vendredi 9 janvier à 22 h 45, “en hommage aux victimes de l’attentat perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo. Pour des principes d’indépendance et de liberté de pensée et d’expression”.
L’équipe des éditions La Découverte“apporte tout son soutien aux familles des victimes et à leurs proches. (...) Charb, Tignous, Cabu et Bernard Maris avaient publié des ouvrages aux éditions La Découverte, qui ont partagé la même adresse que Charlie Hebdo pendant plusieurs années. En solidarité avec les collaborateurs de Charlie Hebdo, La Découverte rappelle son attachement profond et inébranlable au principe qui est notre raison d’être et de publier : la liberté d’expression. Dans le climat délétère d’intolérance qui empoisonne chaque jour davantage le pays, avec beaucoup d’autres nous poursuivrons notre combat contre la haine et toutes les formes de dérives liberticides”.
L’équipe des éditions Milan, qui a observé une minute de silence, a réagi avec cette photo de soutien :
La réaction des éditions Milan à l'attentat contre Charlie Hebdo- Photo VINCENT GIRE
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La Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC) écrit dans un communiqué : “L’attaque terroriste sanglante et abjecte qui vient de frapper la rédaction de Charlie Hebdo laisse le pays glacé, décontenancé. Mais résolu, soudé dans sa dignité et dans sa conviction que le seul chemin est celui du respect de l’autre. Ces dessinateurs, ces journalistes étaient la part la plus vive de notre liberté de pensée. Ils ont été abattus parce qu’ils la faisaient vivre. Elle continuera à vivre. Leur rire courageux, leurs caricatures implacables, leur ténacité à tourner en dérision toute forme d’intolérance, à déjouer toute tentation d’imposer le silence, la soumission et l’obscurité ont été frappés à mort. Les larmes ne peuvent être contenues. Mais au travers d’elles, jamais n’a brillé si fortement la valeur qui nous guide, celle de la liberté que défendent, à l’avant-garde de nous tous et au nom de nos idéaux démocratiques, les journalistes et les artistes. Nous le savons désormais plus que jamais : notre culture, c’est celle de la liberté. La liberté est notre culture.”
L’Association des bibliothécaires de France (ABF) et l’Association pour la coopération des professionnels de l’information musicale (ACIM) ont publié un communiqué conjoint dans lequel elles témoignent leur soutien à l’équipe de Charlie Hebdo et réaffirment “l’importance d’une presse libre mais aussi de bibliothèques où l’on peut accéder à toutes les formes d’expressions, pour contrer l’intolérance et la censure”.
Plusieurs bibliothèques ont organisé un hommage aux victimes de la tuerie, comme la bibliothèque des Champs-Libres à Rennes, où le personnel et le public présent ont observé une minute de silence jeudi à 12 h.
La Bibliothèque nationale de France (BNF) projettera à partir de jeudi 9 janvier à 20 h et jusqu’à dimanche 12 janvier un dessin de Wolinski sur les parois de la tour T1. Le dessinateur avait déposé en octobre 2011 à la BNF son fonds d’atelier : plus de 100 cartons à dessins, des rouleaux d’affiches, des carnets de croquis et des albums représentant plus de 10 000 dessins originaux. En mars 2012, Wolinski avait fait don à la BNF de 1200 dessins issus de ces fonds.
Les artistes rassemblés au festival international de science-fiction des Utopiales, du 31 octobre au 3 novembre à Nantes, ont pointé les faiblesses du genre, notamment quand il s’essaie à la dystopie. Comment réparer les « erreurs » de la SF, et quelles sont les voies possibles ? Recueil de voix inspirées.