Au contact du terrain

" La littérature de voyage est un objet vivant plus qu’un simple bout de papier." Marc Wiltz, Magellan & Cie - Photo Olivier Dion

Au contact du terrain

Appartenant au genre du vécu, de l’expérience et de l’échange, les récits de voyage ont besoin des manifestations littéraires et des librairies pour être mises en avant. Les salons spécialisés se multiplient et les éditeurs montent eux-mêmes des lieux de vente.

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Par Pierre Georges
avec Créé le 11.05.2018 à 01h47

Selon Marc Wiltz, directeur des éditions Magellan & Cie, "la littérature de voyage est un objet vivant plus qu’un simple bout de papier". Pour cette raison, elle est peut-être le genre le plus propice à l’échange et au travail éditorial de terrain.

Les manifestations spécialisées sont nombreuses, avec en premier lieu le festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo, qui rassemble chaque année plus de 60 000 visiteurs. Pour sa 29e édition, qui débute le 19 mai, la programmation du festival mettra en avant les Caraïbes, la nouvelle dimension de la francophonie, la question des migrants, ou encore rendra hommage à la "révolution culturelle" de Mai 68. "J’ai toujours voulu monter le festival de l’ailleurs face au nombrilisme", résume Michel Le Bris, son créateur, qui en a fait le festival international de ce qu’il nomme maintenant "la littérature-monde". Pour Didier Labouche, chez Géorama, la manifestation est vitale et a "un gros impact sur les ventes, bien plus qu’en librairie". Il ajoute: "Pour nous, c’est une évidence de faire tous les salons car si l’on joue le jeu de la diffusion-distribution classique, on n’existe pas."

Mais, à côté de la grand-messe annuelle de la cité corsaire, on retrouve une multitude de festivals de qualité: Rendez-vous du carnet de voyage à Clermont-Ferrand, Ancres et encres à Saint-Vaast, près de Cherbourg, les Rencontres du carnet de voyage à Bordeaux, les Automn’halles à Sète, ou encore le plus récent Carnet de voyage en Provence à Lourmarin. Tous les ans, de nouveaux rendez-vous se créent. D’autres sont en gestation.

Lieux de rencontres

"Qui dit parler du monde dit transmettre et échanger", justifie aussi Armand de Saint Sauveur, directeur des éditions Intervalles, qui constate une vraie curiosité du public dans les salons pour cette littérature. "En même temps, les librairies développent de plus en plus ce rayon, de manière plus polyvalente, au-delà du simple guide de voyage." C’est le cas par exemple du magasin spécialisé qu’a ouvert le tour-opérateur Voyageurs du monde à Paris, dans le 2e arrondissement. Installé sur deux étages, il propose guides, cartes, littérature, beaux livres, jeunesse ou encore articles de voyage, le tout classé par zones géographiques plutôt que par genres.

Créer de tels lieux de rencontres est naturellement devenu une évidence pour les éditeurs spécialisés. Comme les librairies de Magellan & Cie, de Transboréal ou d’Intervalles, toutes trois situées à Paris. "On parle, on échange, on s’adresse à des gens formidables tous les jours. Et quatre clients sur cinq partent les bras chargés de livres", lance l’un des libraires. "Le commentaire qui revient est qu’on pourrait passer des heures ici." C’est ainsi qu’ont vu le jour, ces dernières années, La Géothèque à Nantes, la librairie Les Cinq Continents à Montpellier, ou bien encore Le Chenal à Porspoder (Finistère), un lieu de vie hybride mêlant librairie, restaurant, salle de concert et salon de thé face à l’île d’Ouessant, le regard tourné vers l’océan.

11.05 2018

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