C'est un parti pris inédit qu'a choisi la ludo-médiathèque inaugurée à la fin de novembre à Fosses, dans le Val-d'Oise : proposer à la fois des jeux et des collections documentaires non pas dans des lieux séparés, comme cela se pratique généralement, mais présentés continûment dans les mêmes espaces et gérés par une même équipe complètement polyvalente. Sur un plateau de 700 m2, le visiteur découvre ainsi successivement le coin presse, un salon pour la télé, l'espace de jeu pour bébés, les albums, l'espace de jeu symbolique, les romans, les DVD, etc. On y trouve 800 jeux, une cinquantaine de titres de revues (un nombre assez élevé destiné à encourager les lecteurs à s'installer sur place), mais seulement 15 000 livres. Un choix revendiqué par cet établissement aux moyens modestes (18 000 euros pour les acquisitions de documents et 2 500 euros pour les jeux) mais compensés par son appartenance à Révodoc, remarquable réseau documentaire donnant accès aux collections d'une vingtaine de bibliothèques du département. Le projet, entrepris dans l'ancienne bibliothèque de 300 m2, trouve son origine dans les animations autour du jeu, organisées chaque été conjointement par le centre social et la bibliothèque. Emballés par la formule, les habitants ont demandé à bénéficier d'une telle offre toute l'année. Caroline Makosza, directrice de la bibliothèque et passionnée par le sujet, saute sur l'occasion pour faire une proposition aux élus, qui se laissent assez facilement convaincre. «Nous voulions créer un endroit où les gens se sentent bien, aient envie de passer du temps, en particulier les adolescents que l'on voyait désoeuvrés", explique la directrice. Objectif atteint : les ados sont nombreux à fréquenter la ludo-médiathèque, et les enfants comme les adultes y séjournent volontiers
Une bibliothèque bruyante
Ce choix inhabituel présente cependant quelques inconvénients. A part la salle de travail fermée et un espace "zen" réservé au calme, la bibliothèque est souvent bruyante, remplie des cris d'enfants qui s'amusent. "La plupart de nos lecteurs s'accommodent très bien de la situation, mais certains se sont montrés choqués", reconnaît Caroline Makosza. Autre conséquence : le jeu est une activité chronophage, et le personnel (cinq postes en équivalent temps plein) passe beaucoup de temps à expliquer les règles des jeux et à jouer avec les enfants. La solution ? Se libérer de tâches "inutiles". «On ne range les documents que deux fois par semaine et on a systématisé les acquisitions en achetant les meilleures ventes et les suggestions des lecteurs, détaille Caroline Makosza. On limite aussi les animations de grande envergure dont les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de l'énergie et du temps investis." La ludo-médiathèque préfère se concentrer sur ses objectifs prioritaires : soigner la convivialité et la qualité de l'accueil au quotidien.