“C’est un texte très puissant, éminemment littéraire et documenté, que nous allons porter haut, déclare-t-elle à Livres Hebdo. Il s’agit pour nous d’un engagement de long terme avec l’auteur puisque nous publierons aussi son livre suivant.”
La controverse a agité le monde des lettres pendant l’été, d’autant plus que l’éditeur allemand de Martin Amis, Hanser, a lui aussi refusé le livre. Martin Amis, connu pour ses romans satiriques et ses déclarations provocantes, y aborde à sa manière la Shoah en mettant en scène, dans un camp de concentration qui ressemble à Auschwitz, le commandant de ce camp, sa femme et un juif déporté qui dirige le Sonderkommando.
Chez Gallimard, on explique aujourd’hui que “le refus d’un texte d’un grand écrivain comme Martin Amis a été une décision difficile. Mais elle a été prise par Antoine Gallimard sur la base d’une déception, différents lecteurs dans la maison ayant émis des réserves littéraires sur le texte. C’est la liberté de l’éditeur de juger qu’un manuscrit n’est pas abouti et qu’il donne le sentiment de rester à la surface”.
L’agent de l’auteur, l’Américain Andrew Wylie, a donc proposé le texte à différents éditeurs français, avant d’opter pour Calmann-Levy. “Si l’éditeur allemand a réagi comme Gallimard, d’autres, à Londres, New York ou Madrid, n’ont pas hésité une seule seconde. Chaque éditeur est libre de l’accompagner ou non, estime Florence Sultan. Le sujet du livre est polémique avec un humour difficile à manier, mais nous assumons pleinement la publication dans une maison qui édite le Journal d’Anne Frank et la collection ‘Mémorial de la Shoah’. Ce roman illustre une évolution, qui fait place à une époque où seuls ceux qui étaient revenus des camps de concentration avaient la légitimité de prendre la parole.”
La traduction est confiée à Bernard Turle, traducteur du précédent roman de Martin Amis, Lionel Asbo, l’état de l’Angleterre (Gallimard, 2013).