Avant-critique Thriller

La nuit de l'iguane. Après quelques rondes en compagnie du commissaire De Luca, Carlo Lucarelli renvoie au front l'inspectrice Grazia Negro. Oui, la Grazia qui, avec l'assentiment de Chet Baker, orchestrait magistralement cet autre Almost Blue (Gallimard, 2001), incontournable roman de l'auteur parmesan. Mais on ne peut pas dire que Grazia partage notre plaisir des retrouvailles. Alors qu'elle se pensait rangée des voitures de patrouille, tout juste maman de jumelles, elle apprend qu'un psychopathe arrêté deux décennies plus tôt s'est échappé. Elle va devoir, pour sa propre sécurité et celle de toute l'Émilie-Romagne, reprendre du service et aider à la traque de ce cinglé surnommé L'Iguane. Notons en passant que le titre original italien du livre est Léon : de « L'Iguane » à « camé Léon », il n'y a qu'un pas que nous nous autorisons. D'autant que la spécificité du saurien en question est sa capacité à muer sans cesse pour se réincarner en chacune de ses victimes. Les peurs émergent du passé et Carlo Lucarelli attise toutes les craintes. Au service d'un thriller effroyable, son habileté notoire lui permet de jongler avec les personnages sans nous laisser le temps de respirer ni même d'entrevoir une issue au cauchemar. Stalkers, flics, témoins, copycats, personnel médical, gibiers, tous les protagonistes s'imbriquent ou se dédoublent, naissent de fausses pistes ou périssent d'avoir endossé le mauvais rôle. C'est tortueux et guidé par une écriture tendue, en adéquation parfaite avec l'angoisse suscitée.

Carlo Lucarelli
L'iguane
Métailié
Traduit de l’italien par Serge Quadruppani
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 20 € ; 224 p.
ISBN: 9791022614283

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