18 novembre > Correspondance France

Louis-Ferdinand Céline à Meudon.- Photo DR

On n’en finit plus de découvrir de nouvelles facettes de la très complexe personnalité de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. L’édition des lettres, jusqu’ici inconnues, qu’il envoie à Henri Mondor, chirurgien de renom et académicien spécialiste de Mallarmé, en dévoile une plutôt drôle. Alors qu’en 1950 l’écrivain est reclus au Danemark et que son procès s’ouvre à Paris dans le cadre de l’épuration, le grand chirurgien, membre de l’intouchable Conseil national des écrivains et académicien, écrit au président de la cour en sa faveur, le présentant comme un médecin dévoué, un poilu courageux et un romancier monumental. Céline lui écrit bientôt pour le remercier ; pendant les dix années qu’il lui reste à vivre, il le sollicitera encore et encore : pour le faire réinscrire à l’ordre des médecins et lui permettre de toucher une retraite, pour faire pression sur Gallimard afin de hâter la publication de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit dans la « Pléiade », et pour préfacer le volume, quasiment sous sa dictée… Cette préface est ajoutée en annexe de ces Lettres à Henri Mondor : ce dernier y reprend de larges pans des lettres que Céline lui a envoyées. Quant au romancier, il paraît, dans ses lettres comme dans ses derniers romans, volontiers burlesque, toujours au bord de l’hystérie, et tout occupé à bâtir sa légende d’auteur de la « Pléiade ». Parfois cependant affleurent le doute, l’humilité. « Moi qui n’ai jamais relu ni le Voyage ni Mort à crédit. Tristes et rigolos à la fois… menaçants, dirais-je », lâche-t-il alors qu’il les a écoutés lire par Arletty et Michel Simon. Les réponses de Mondor n’ont pas été conservées, et la lecture de ce petit volume intrigue. Que pensait le grand homme dévoué ? Pourquoi se dévouait-il, d’ailleurs ? Peut-être parce qu’en grand amateur de littérature il fermait les yeux sur l’intrigant faraud et se concentrait sur la légende. Fanny Taillandier

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