Depuis le passage de la Comédie du livre dans le giron de la collectivité occitane l'an dernier, les relations entre le responsable de l’événement, Régis Penalva, et son nouveau supérieur hiérarchique, le conservateur général des médiathèques de l’Agglomération de Montpellier et délégué au livre, Gilles Gudin de Vallerin, semblaient se détériorer. En novembre, indique Lokko, un tribunal administratif jugeait "irrecevable" une proposition de sanction pour insubordination à l’encontre du directeur du festival. L'opposition des deux personnalités a tout de même abouti au retrait de Régis Penalva de l’organisation de la Comédie du livre, comme le présageait une annonce passée dans Livres Hebdo daté du 23 novembre. La Métropole cherchait à recruter un "co-responsable de la Comédie du livre".
L’hypothèse politique
Pour expliquer cet imbroglio interne, certains acteurs du monde culturel montpelliérains avancent l’hypothèse de la divergence politique. Régis Penalva a officié sous l’ancienne directrice de la culture de la Ville de Montpellier, Valérie Astesano, jusqu’en 2014, avant qu’elle ne soit débarquée quelques mois après les élections municipales qui ont porté l'ancien socialiste Philippe Saurel à la tête de la mairie sous l'étiquette divers gauche. L’ancien responsable de la Comédie du livre a également travaillé, de 2008 à 2011, pour Michaël Delafosse, dorénavant l’un des principaux opposants à Philippe Saurel.
A l’époque, Régis Penalva crée et assume la direction programmatique de l’Agora des savoirs, une série de rendez-vous autour de la vie des idées animé par un conseil scientifique. Pour la première fois en dix ans, les premiers mercredis de janvier "ont tourné à vide" en 2019 a indiqué Michel Miaille à Midi Libre, qui vient d’être remplacé à la présidence du conseil scientifique par l’ancienne députée PS Anne-Yvonne Le Dain, sur nomination du maire montpelliérain. Malgré ce changement de direction inattendu – Michel Miaille et Régis Penalva collaboraient ensemble depuis 2010 –, le délégué à la culture de la Métropole Bernard Travier a assuré que la programmation de l’Agora sera respectée jusqu’à fin avril, sans toutefois préciser si la manifestation sera renouvelée en 2020.
Le remplacement du directeur de la Comédie du livre intervient après d’autres départs de premier plan dans le secteur de la culture montpelliérain ces dernières années, dont celui du directeur artistique du Carré Sainte-Anne, Numa Hambursin, en 2017, parti à cause d'un désaccord artistique avec la ville qui "entravait sa liberté". Le créateur et directeur des Zones artistiques temporaires (ZAT), Pascal Le Brun-Cordier, avait également fait défection après la 8e édition de l’événement, financé par la commune.
Pour son édition 2019, qui se tiendra les 17, 18 et 19 mai prochains, la Comédie du livre mettra la littérature suisse à l'honneur. Barcelone, ville jumelle de Montpellier, sera également mise en avant.