La faute de Marty Swanson. Un homme a été découvert dans le lac glacé, un œil en moins. La police fait le tour des fermes d'Omaha à la recherche de témoins. Edwin Swanson, le père de Marty, le héros d'Assis au bord du silence de Christophe Paviot, dit que l'œil arraché l'a sûrement été par un poisson. Que faisait dans ce coin du Nebraska ce Noir originaire du nord de la région ? « Il cherchait des lapins pour nourrir sa famille », suppute Marty du haut de ses 11 ans. « Mme Lyttle est désormais veuve avec six enfants à charge, la communauté de sa petite église fera bien des efforts pour la soutenir un premier temps, puis, lentement, on va oublier son malheur, d'autres malheurs viendront enfouir le sien dans le limon du destin. »
Le destin réservera aussi au protagoniste son lot de fatalité. Trois ans auparavant, Marty a perdu son oreille gauche au cours d'un violent orage tuant Viktoria, avec qui il se trouvait. Elle l'aimait mais c'est de Solveig, sa grande sœur, que Marty était amoureux. L'oreille sauve se révèle une oreille parfaite. Grâce à ce don musical, Marty deviendra compositeur de musique de film. L'auteur de L'horizon à mains nues (en poche chez « Litos » au Rocher) déploie une fresque à la Steinbeck. Du Midwest où l'adolescent se débarrasse de son pucelage en séduisant une aveugle, à Los Angeles à l'heure du Covid où le musicien devenu célèbre met toute son énergie à défendre la cause d'un innocent condamné à tort, ces pages pulsent aux thèmes de Paviot : rock'n'roll, drogue, désir, honte, rivalités toxiques... À 70 ans, le héros a rendez-vous avec Solveig, son amour d'enfance, comme avec sa conscience et son noir secret.