La signature de Daniel Garcia est connue de milliers de lecteurs de Livres Hebdo, dans lequel il a écrit pendant trente ans de multiples portraits, entretiens et enquêtes en série comme « Série noire dans l'édition » (sur les grands faits divers dans le monde du livre, 2013), « Les joueurs » (sur les éditeurs « flambeurs », 2016) ou « Un succès très grand pour moi » (sur les best-sellers des petits éditeurs, 2017). Parmi ses faits d'armes, un vibrant plaidoyer, en 2004, pour l'attribution du prix Goncourt à Irène Nemirovsky pour Suite française (Denoël). Ce roman posthume obtiendra finalement un Prix Renaudot qui relancera les ventes de l'ensemble de l'œuvre de l'écrivaine morte en 1942 à Auschwitz.
Ce polygraphe talentueux, qui avait choisi le journalisme après des études de... notariat, a aussi collaboré à L'Obs et à Têtu et était le familier de dizaines d'éditeurs tels Flammarion, Balland ou J'ai Lu. Traducteur, « prête-plume », « écrivain fantôme », il épaulait de nombreux auteurs. Il avait lui-même signé plusieurs ouvrages, notamment aux Arènes et, aux Editions du Moment, un remarqué Coupole et dépendances : enquête sur l'Académie française (2014). Ce livre lui avait attiré une procédure dont il était sorti victorieux, mais qui l'avait beaucoup affecté d'autant qu'elle survenait au moment du décès de son père, qu'il avait très peu fréquenté.
Et puis, plus rien. Rattrapé par les démons de l'enfance, cet homme attachant, qui avait fait son refuge du très isolé hameau de Marcevol, dans les Pyrénées-Orientales, et faisait chaque hiver retraite dans les neiges du Québec, s'est complètement effacé à la fin de 2017. Il a rompu tous ses liens, organisé sa mort sociale. Nous l'avons cherché vainement pendant des mois jusqu'à ce que, il y a quelques jours, un appel de son frère nous annonce qu'il avait mis fin à ces jours il y a... seize mois, le 12 juin 2018, à 57 ans. Il laisse un roman pour la jeunesse, très dur comme a été la sienne, mais aussi plein d'humour. On espère bien le voir publié.