En retard à une séance photo, Sean Blake a pris un virage trop large avec sa voiture et a percuté un autobus. Un ambulancier a glissé son corps sur un brancard, puis s'est activé pour le ramener à la vie. Le narrateur d'Une seconde vie ne peut pas mourir : il a une maison mitoyenne, une femme, deux enfants, "de la douleur à affronter, des problèmes à régler". A l'hôpital, il replonge dans ses souvenirs, ceux de l'enfance comme de l'âge adulte. Il repense à la naissance de ses enfants. A sa mère biologique, qui venait du comté de Laois et a accouché à 19 ans dans un couvent isolé au fin fond de la campagne, avant qu'une religieuse ne lui retire son bébé. Maman s'appelait Lizzie, elle eut ensuite un mari et trois filles, mais rien n'a jamais remplacé son premier-né...
Le nouveau roman de Dermot Bolger est une affaire de seconde vie à plus d'un titre. Ce livre, l'auteur de Toute la famille sur la jetée du Paradis (éditions Joëlle Losfeld, 2008, repris en Folio) l'avait écrit et publié chez Viking une première fois au début des années 1990. Il ne lui semblait pourtant pas complètement abouti, l'écrivain qu'il était alors ayant eu l'impression d'être parti sur une fausse note. Plus mûr, plus expérimenté, l'Irlandais a décidé un beau jour de se remettre à la tâche. Il a coupé des dialogues, ajouté et enlevé des passages entiers. "Ce roman n'est donc ni l'ancien ni tout à fait un autre", estime Bolger, qui rouvre ici avec le talent qu'on lui connaît une page terrible de l'histoire de son pays.