21 août > Premier roman France

Le narrateur de ce roman si particulier, c’est Vincent. Le deuxième fils d’une fratrie de quatre garçons, les Rambaldi. Il y a quinze ans, il s’est sevré par lui-même de l’héroïne grâce à une lecture énergique des Pensées de Pascal, et est parti vivre en Inde, à Calcutta, contremaître dans l’atelier de Mr. Kumar. Là, il a essayé de se construire un bonheur simple.

Mais le destin frappe de nouveau à sa porte. Un coup de fil de sa mère : "Ton père est mort." Vincent, qui croyait avoir coupé les ponts et prétend que ce deuil n’est pour lui qu’ "une formalité ", aurait pu faire l’impasse. Or, toutes affaires cessantes, il rentre à Paris pour l’enterrement. Cependant, une fois arrivé en bas de son ancienne demeure - Louis Rambaldi, héritier d’une dynastie d’industriels italiens, possédait autrefois tout l’immeuble, dont il avait fait un fabuleux musée égoïste -, il est incapable de monter à l’appartement. Trop de souvenirs douloureux l’assaillent, qu’il va se remémorer, seul, au long d’une cavale éperdue. Louis Rambaldi, que tout le monde devait appeler "Monsieur", était un monstre qui avait réduit sa femme en esclavage, et bien mal élevé ses fils : il leur donnait 40 000 F d’argent de poche par mois à chacun, à la condition qu’ils ne travaillent jamais, comme lui ! Cette sinistre éducation les a totalement détruits : Gabriel, l’aîné, s’est suicidé après que son père l’avait contraint à des pratiques sexuelles perverses. Julien, le cadet, marié jeune pour fuir sa famille, a tout raté et est devenu un camé violent. Tristan, le dernier, mal dans sa peau, essaie de se forger une identité dans le travestissement… Vincent, lui, a pris le large pour se sauver. Alors, s’il repartait en Inde, sans revoir personne ? Finalement, il décide de monter "chez lui", pour un dîner de retrouvailles qui s’achève en foire d’empoigne. Et puis, il lui faut affronter une autre épreuve : face à la dépouille paternelle, comment va-t-il réagir ?

Karine Silla est dramaturge, scénariste et réalisatrice. Cela se sent, dans ce premier roman tout en retenue, en monologues, en flash-back, original, bien mené. Une histoire vraie devenue fiction, que Mauriac aurait adorée.

J.-C. P.

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