La plupart du temps, Danny Laden essaye d'oublier "de se souvenir". Cadet de sa famille, le gamin d'autrefois est devenu un homme. Le voici dans la maison de son enfance, en smoking, à quelques heures d'un mariage. Sa mère, Sarah, a encore fière allure dans sa robe couleur ivoire. Son père, Roy, ne sera hélas pas sur la photo : il n'est plus de ce monde, emporté des années plus tôt par un cancer fulgurant.

Kattrina Kittle, qui alterne ici les voix narratives, a planté son décor dans une ville paisible de l'Ohio. Dans un foyer qui a sévèrement vacillé. Le lecteur remonte le temps. Revient à l'époque où Sarah n'arrivait pas à se remettre de la perte de son mari. Danny avait alors d'épaisses boucles brunes « dressées sur sa tête comme des piquants de porc-épic", et pas beaucoup d'amis.

Nate, l'aîné, était quant à lui un adolescent difficile de 17 ans. Il jouait au hockey, mais buvait et fumait en cachette, dissimulait les exemplaires de Playboy et d'Hustler. Plus grave encore était l'état de son camarade Jordan Kendrick. Le fils des voisins, que Sarah avait un jour découvert dans les toilettes avec une seringue dans le cou, juste après qu'il se fut injecté du Dilaudid.

Elle avait aussitôt conduit Jordan à l'hôpital où travaillait sa mère au service obstétrique, hôpital où Roy avait été médecin. Mais qui était vraiment cette séduisante Mme Kendricks ? Pourquoi prenait-elle dans ses bras les petits garçons et pourqioi les embrassait-t-elle langoureusement sur la bouche ? Nate la trouvait en plus drôlement sexy et attirante avec son allure féline... Native de l'Ohio qu'elle dépeint ici, Katrina Kittle procède par touches discrètes, évite le spectaculaire. Sans complaisance, Le garçon d'à côté se révèle un roman dérangeant et fort sur un sujet pour le moins difficile : la pédophilie.