Cela ressemble à un conte pour enfants : un prince (il est issu de la noblesse de vigne bordelaise) pas charmant va rompre en 1927 avec sa famille pour épouser la fille très charmante de chiffonniers pas très nets. Germaine et Jean Bozignac vont filer, dans l’arrière-pays niçois, le parfait amour jusqu’à leur mort quarante-quatre ans plus tard. Les deux personnages ne manquent pas de pittoresque, qui vivent en vacances perpétuelles, tantôt de la vente d’un des nombreux livres précieux que Jean a hérités d’un vieil oncle, tantôt de ses talents de joueur (et de tricheur). La manière dont Daniel Pennac et Florence Cestac restituent leur "amour exemplaire" l’est autant. Un amour exemplaire n’est pas seulement un portrait de Germaine et de Jean, et de l’époque dans laquelle ils évoluent. C’est aussi le récit de la reconstitution de leur vie par Daniel Pennac, qui a été leur voisin quand il avait 10 ans, dans les années 1960, et celui de la transposition cocasse par Florence Cestac des souvenirs à trous de l’écrivain. C’est un album drôle, mais également, par sa conception tout en emboîtements, à la manière des poupées russes, plus sophistiqué qu’il n’y paraît au premier abord. Fabrice Piault