Elle a été élue dès le premier tour avec cinq voix contre deux pour Jean-Philippe Toussaint (
La vérité sur Marie, Minuit) et une voix pour Delphine de Vigan (
Les heures souterraines, JC Lattès).
Si lors de leur précédente réunion, les académiciens Goncourt votaient en coulisses à égalité entre Marie Ndiaye et Jean-Philippe Toussaint, c'est finalement la première, donnée favorite dès les premières listes, qui l'a largement emporté sur les huit votants, en l'absence de Michel Tournier et de Françoise Mallet-Joris.
“Cela s'est passé en deux minutes trente, c'est un peu rapide”, reconnaissait Bernard Pivot à l'issue du vote, frustré par l'absence de débat entre les jurés.
“Facilité déconcertante”, était de fait un commentaire fréquent entre les murs de Drouant, sauf sur les lèvres de Jorge Semprun, obstinément closes : Delphine de Vigan était sa candidate.
“Moi, je croyais que c'était le week-end de la Toussaint”, regrettait dans un mauvais jeu de mots Patrick Rambaud, fervent défenseur de l'auteur Minuit.
Mais Gallimard garde la main : six Goncourt en dix ans, pour la maison de la rue Sébastien-Bottin ou pour ses filiales (Mercure de France et POL), cela frise la routine.
De Minuit à Gallimard
Pour Minuit, en revanche, dont le dernier (et troisième) Goncourt date de 1999, c'est plutôt amer : outre ses deux auteurs finalistes que sont Laurent Mauvignier et Jean-Philippe Toussaint, la maison d'édition d'Irène Lindon est bien à l'origine du succès de Marie Ndiaye, découverte en 1985 par Jérôme Lindon avec un titre prémonitoire,
Quant au riche avenir, puis couronnée une demi-douzaine d'ouvrages plus tard par le Femina en 2001 avec
Rosie Carpe, avant de tomber dans l'escarcelle Gallimard en 2007 avec
Mon coeur à l'étroit, dont les ventes n'excèdent pas 20 000 exemplaires :
“Je n'avais rien lu d'elle avant celui-ci”, confesse d'ailleurs Didier Decoin, pourtant dithyrambique sur son style et sa maîtrise des mots, qui salue en même temps l'actualité de son propos :
“Elle parle des problématiques d'aujourd'hui”.
Outre ses romans, Marie Ndiaye a en outre publié des pièces de théâtre
- Papa doit manger (Minuit) figure au répertoire de la Comédie-Française - et des romans pour la jeunesse (L'Ecole des loisirs, Albin Michel).
Troisième sur notre liste des meilleures ventes,
Trois femmes puissantes totalise à ce jour 120 000 exemplaires sortis et les éditions Gallimard ont immédiatement lancé la réimpression de 200 000 exemplaires supplémentaires.
“Je suis très contente pour le livre et pour l'éditeur. Je suis très contente d'être une femme qui reçoit le prix Goncourt”, a déclaré celle qui n'est que la dixième femme de lettres à l'obtenir en 103 ans, après Paule Constant en 1998.
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Voir aussi
Le Goncourt 2009 pour Marie Ndiaye